Elucubrations fantaisistes
Encore une fois, la tentation – qui avait connu son apogée dans les années 1990 avec le fameux «qui tue qui ?» – de fantasmer sur une prétendue implication des services algériens dans les attaques terroristes resurgit dans l'affaire du site gazier d'In Amenas et pousse certains analystes aux élucubrations les plus fantaisistes. Ils en sont maintenant à inventer des «guerres secrètes» au sommet du pouvoir en Algérie pour faire passer une thèse, «inédite» à ce jour, sur des complicités dont aurait bénéficié le groupe terroriste pour mener son opération. Sinon, feignent-ils de s’interroger avec une fausse naïveté, comment ce groupe aurait-il pu arriver jusqu’à ce site hautement sécurisé ? Bref, tout est bon pour brouiller les pistes qui mènent aux vrais terroristes et à leurs soutiens. Des experts ont expliqué sur les plateaux des chaînes de télévision étrangères que l’étendue du Sahara empêchait une surveillance satellitaire complète de ce qui se passe au sol, ne parlons pas des moyens classiques de vision et d’observation, dont le champ d’action est nettement plus réduit. Le Premier ministre algérien a donné l’itinéraire du groupe terroriste : le long de la ligne frontalière de notre pays avec le Mali, le Niger puis la Libye. Une version crédible des faits indique que le groupe est passé par la Libye où il a bénéficié de la logistique des salafistes qui évoluent avec l’aisance que permet l’absence de l’autorité de l’Etat dans cette région. Le «qui tue qui ?» n’est pas chose nouvelle, les médias et autres relais étrangers avaient déjà versé dans ce travers, dans la deuxième moitié des années 1990, en accusant gratuitement l'armée d'être derrière les massacres commis à l’époque par les GIA en Algérie. Comme si le terrorisme islamiste n’existait pas. Or, le «sauve-qui-peut» des Occidentaux de Benghazi est là pour prouver, malheureusement, le contraire.
Kamel Moulfi
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