Ni liberté ni justice
«Si le chaos fait tomber le régime, le chaos régnera après.» Il s’agit, on l’a compris, de la situation en Syrie, mais, moins évident, ce n’est pas un «pro-Bachar Al-Assad» qui parle, l’homme qui avance cette hypothèse est un opposant réfugié à Paris. Ses paroles sonnent comme un avertissement aux Occidentaux qui travaillent justement à installer le chaos dans ce pays. C’est ce qu’ils ont déjà fait en Libye avec des conséquences tragiques sur toute la région. Ils ont contribué, quoiqu’indirectement, à déstabiliser également la Tunisie et l’Egypte. Les Occidentaux pouvaient-ils faire autrement en Libye, en Tunisie et en Egypte, en pensant installer dans ces pays le «printemps arabe» ? En Syrie, ils ont encore le temps et la possibilité d’arrêter la descente aux enfers, tout simplement en retirant leur soutien aux pays qui arment les terroristes. C’est la seule façon d’éviter le chaos et de favoriser un changement véritable qui serait dans l’intérêt des peuples et d’eux-seuls. Les expériences de la Tunisie et de l’Egypte ont séduit, à un moment, par leur côté, en apparence, spontané, et leurs allures de «printemps arabe». Ces expériences font maintenant l’effet d’un repoussoir et sont devenues des exemples à ne pas suivre et le «printemps arabe», une perspective à éviter absolument. Les nouvelles les plus alarmistes nous parviennent de Libye, de Tunisie et d’Egypte où, non seulement le changement espéré (libertés, justice sociale) n’a pas eu lieu, mais, par certains côtés, la situation a tendance à être pire qu’avant. Pouvait-il en être autrement dans le contexte d’un système mondial qui a atteint ses limites et qui doit lui-même être transformé ? Le changement doit se faire partout dans le monde et pas seulement dans son hémisphère sud. Mais surtout dans notre région, le changement doit s'opérer dans le calme et la sérénité, car faire tomber les régimes par la violence a pour seule conséquence de faire durer cette même violence comme on le voit justement en Libye et en Egypte.
Karim Bouali
Comment (4)
Les commentaires sont fermés.