Prise de la ville de Gao par l’armée française : gare à l’excès de confiance !
L’armée française s’est emparée, sans avoir rencontré la moindre résistance, de la ville de Gao, un des bastions du groupe terroriste Mujao. L’annonce faite par l’état-major de l’armée hier continue de tourner en boucle aujourd’hui sur l’ensemble des chaînes françaises d’information. Prendre si facilement le contrôle de Gao, infestée depuis avril 2012 par des milliers de terroristes lourdement armés et d’une cruauté inégalable, ne peut que constituer un moment de «fierté nationale» en France et un «grand soulagement» pour la population et le gouvernement maliens. La France, classe politique et médias, exprime ainsi haut et fort sa fierté d’avoir toujours une armée opérationnelle efficace, jouissant d’une force de frappe redoutable. Mais gare à l’excès de confiance ! De nombreux experts militaires relèvent avec inquiétude l’absence étonnante de résistance sur le terrain depuis le début de la progression des forces terrestres françaises vers le nord du pays. Avec l’armée malienne, les forces spéciales françaises disent avoir «pacifié» plusieurs villes avant d’arriver à Gao, ce «temple du terrorisme» depuis le coup d’Etat de mars 2012 contre Amadou Toumani Touré.
Retrait tactique
Leur progression s’est faite sans couacs. Les groupes terroristes qui semaient la terreur dans ces territoires se sont, comme par magie, volatilisés dans l’immensité désertique. Leur existence aurait été un véritable mirage d’été, n’étaient-ce les traces et les séquelles de leur barbarie encore visibles chez la population. Ce désert «militaire», où les troupes combinées des armées française et malienne avancent en «paix», soulève de vives interrogations et des mises en garde contre toute précipitation ou erreur de jugement du risque et de la menace terroriste qui coûterait cher à la France, au Mali et à l’ensemble de la région. Pour les spécialistes, il ne fait pas un doute qu’il s’agit bien d’un retrait «tactique» des groupes terroristes qui cherchent à éviter un affrontement direct. Leur retrait ne veut nullement dire qu’ils renoncent à l’action terroriste ou qu’ils fuient le combat. Au contraire. Les experts s’accordent à dire que les groupes terroristes adoptent la stratégie du faible face au fort. Il faudra s’attendre, donc, dans les prochains jours, à des embuscades furtives et des attentats.
Sonia B.
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