La France savait que les islamistes n’allaient pas offrir de résistance au Nord-Mali
La France savait qu’en intervenant au Mali, elle n’exposait pas ses soldats au risque, pour la simple raison qu’au cours de cette phase, les bandes rebelles n’allaient pas offrir de résistance ; elles allaient esquiver le combat afin d’éviter de se faire détruire par les coups de l’aviation. La France savait d’avance, surtout dans les premières phases de son intervention. La dernière et la plus active de ces phases allait incomber à d’autres. Elle savait également qu’elle s’engageait comme à l’exercice, un exercice à «simple action où l’ennemi n’est même pas simulé», explique une source militaire à Algeriepatriotique. Les troupes françaises qui, dans une première phase, ont stoppé à travers une offensive éclair les colonnes qui déferlaient vers Bamako, sont en train, dans une deuxième phase, de récupérer les villes du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal. Si le président français a déjà annoncé qu’il n’y aurait pas d’enlisement au Mali, c’est que de la bouche de son état-major, il a dû apprendre qu’une fois les villes du Nord occupées par les troupes de la Cédéao, le dispositif français serait allégé et ne comprendrait que quelques moyens aériens d’intervention et de reconnaissance, ainsi que des personnels affectés à la formation, ajoute notre source. A charge pour les troupes maliennes, une fois instruites et formées, de prendre la place de celle des pays africains venus à la rescousse. La troisième phase concernera la recherche, la poursuite et la destruction des bandes armées. Les finances, qui pouvaient être un facteur d’enlisement, n’en sont pas un, d’autant que la France, selon son ministre de la Défense, dispose déjà de 600 000 euros destinés aux théâtres d’opérations extérieures. En outre, suite à l’intervention au Mali, les Français disposeraient du budget de fonctionnement de l’année 2013, attribué à la formation : «C’est une occasion rêvée de pouvoir déployer un aussi important dispositif aéroterrestre sur un terrain immense et peu habité, permettant à ses unités de s’entraîner», relève notre source. Une telle opportunité est rarement offerte pour un pays tel que la France, habitué à imaginer un système de formation dans son armée, tenant compte de l’inexistence de terrains d’entraînement. L’handicap qu’occasionne le manque de terrains d’instruction lui impose des sorties sur le terrain à raison d’une compagnie à la fois. Le plus grand terrain dont dispose l’armée française se situe à Mourmelon-le-Grand, dans le nord-est, «et ne peut recevoir qu’un régiment de chars pouvant être visité en statique et non en dynamique», explique notre source. C’est dire la grande aubaine pour les armées françaises de déployer de grands détachements et de manœuvrer à la fois. Cette intervention leur a donc permis de mettre en œuvre plusieurs groupements de forces, qu’ils soient terrestres ou aériens, des groupements logistiques, le déploiement d’hôpitaux de campagne, le déploiement et le fonctionnement d’états-majors et la conduite des opérations. «Il faut avoir à l’esprit, rappelle notre source, qu’au cours de la guerre du Vietnam, menée par les Américains, beaucoup de pays occidentaux ou autres, avaient envoyé des contingents pour y participer dans le seul but d’acquérir de l’expérience.» Les Israéliens et les Canadiens l’avaient fait à l’époque.
M. Aït Amara
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