La mise à nu
C'est le début de la fin de Morsi, le président égyptien. Aussi bien l’expert, parfait connaisseur de ce qui se passe en Egypte, que l’homme de la rue, qui suit de loin les événements sur une chaîne de télévision satellitaire, sont arrivés à la même conclusion : oui, le Frère musulman arrivé au pouvoir par hasard devra le quitter comme celui qui l’a précédé, comme Moubarak, pour aller devant un tribunal et s’expliquer sur les violences de la police à l’égard des manifestants qui contestent son pouvoir. En fait, un manifestant, un seul, a suffi pour jeter Morsi dans l’engrenage qui a broyé Hosni Moubarak, avant lui, mais aussi Zine El-Abidine Ben Ali, en Tunisie. Ce manifestant, un Egyptien du nom de Hamadah Saber Mohamed Ali, un ouvrier de 50 ans, a été tabassé, dénudé et traîné par des policiers anti-émeutes. La scène filmée a fait le tour du monde. On voit des officiers de la sécurité centrale et des policiers battre l'homme avec des matraques, le bousculer et lui retirer ses vêtements, avant de le traîner tout nu sur le sol, puis l'embarquer dans un fourgon blindé en poste devant le palais. Diffusée sur internet, la vidéo a déclenché de vives réactions sur les réseaux sociaux dont le rôle et l’impact dans la mobilisation ont fait leurs preuves. Les mêmes images, à quelques détails près, tournant sans cesse en boucle, avaient contribué à faire partir Ben Ali – des policiers qui donnaient des coups de pied à un manifestant avenue Bourguiba, à Tunis – puis Moubarak, plus choquant, fin 2011, l’image d’une manifestante que l'armée traînait sur la chaussée près de la place Tahrir, au Caire, et mettait à découvert son soutien-gorge et son ventre. Pour quelle raison, Mohamed Morsi échapperait à cette série, lui dont la légitimité est précarisée de jour en jour ?
Karim Bouali
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