Verts… comme les dollars
Deux pays parmi les plus pauvres au monde, le Mali et le Burkina Faso, ont atteint le premier la demi-finale et le second la finale. Pendant ce temps, donnés favoris à la CAN-2013, les Verts sont rentrés d’Afrique du Sud, créant la surprise avec leur élimination dès le premier tour. La déception, compréhensible chez tout supporter d’une équipe vaincue, est aggravée, ici, par l’incompréhension face au fossé entre l’argent fou mis dans la constitution du Onze national, dans sa préparation et sa participation à cette compétition internationale et, au bout du compte, le piteux résultat qu’on en tire. C’est un PMA, pays moins avancé, pour ne pas dire pays le plus pauvre de la planète, le Burkina Faso qui est en finale. Un autre PMA, le Mali, aurait pu y être lui aussi, sorti en demi-finale. Ceux qui ont suivi le match Burkina Faso-Ghana ont sans doute été frappés par la combativité des joueurs burkinabè, qui, finalement, ont été récompensés par leur qualification à la finale de la CAN, la première de leur histoire, eux qui ne figuraient même pas parmi les outsiders. Mais surtout, ils auront honoré le nom de leur pays qui signifie «pays des hommes intègres». Nos Verts grassement payés, tout comme l’entraîneur, ont-ils mouillé le maillot à la mesure du défi et de l’attente de toute une nation ? Ont-ils donné la contrepartie de ce qu’ils reçoivent comme primes mirobolantes et autres avantages de toute nature ? L’aventure malheureuse de notre équipe nationale en Afrique du Sud prouve que l’argent n’est pas la clé du succès, au contraire, il corrompt le sport et ses valeurs. Les responsables parlent de réviser toute la conception du sport d’élite. Oui, il faut remettre dans le sport d’élite le grain de patriotisme qu’il avait quand les joueurs entraient sur un terrain en pensant au drapeau national et pas seulement à la prime en devises qui leur a été imposée par l’économie de marché comme motivation dominante. L’argent doit aller en priorité à la pratique sportive qui fait émerger l’élite à partir de la base, à travers le territoire national, et non pas à l’achat voire l’importation de joueurs, formés ailleurs, et pis encore, à l’achat de matches dans les compétitions nationales.
Kamel Moulfi
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