Belkhadem encaisse
Au FLN, le linge sale se lave en public sous réserve d’y mettre les formes, c'est-à-dire en utilisant l’allusion et des propos implicites qui laissent à tous la latitude de traduire en clair les messages. Il y a, dans cette méthode, un peu de la langue de bois, mais les vieilles habitudes sont difficiles à extirper du discours des dirigeants de l’ancien parti unique. Abdelkrim Abada, qui est le coordonnateur du Mouvement de redressement et d'authenticité, ne veut pas appeler un chat un chat mais quand il dit que «le prochain SG du FLN devrait être une personne intègre, propre, capable de convaincre à travers ses discours et un homme de consensus», on comprend que c’est ce qui manquait à Abdelaziz Belkhadem. Ce n’est pas tout : en soulignant que le futur SG du FLN «doit être également disponible et présent sur le terrain pour régler les affaires pesantes du parti, en évitant le régionalisme», Abdelkrim Abada ne semble viser personne, mais on devine qu’il s’agit d’une référence à Belkhadem. Si «l'éviction de M. Belkhadem de son poste est la première phase pour redonner au parti sa réputation et sa place sur la scène nationale», comme le fait remarquer Abdelkrim Abada, il ne faut pas être expert, là également, pour en conclure qu’avec Belkhadem à sa tête, le FLN avait perdu sa réputation et sa place sur la scène nationale. Ce qui est, pour un profane, difficile à «digérer», dans la mesure où ce que pensent les Algériens de l’ancien parti unique n’est pas forcément lié à la personne d’un de ses dirigeants, quel qu’il soit. A entendre les redresseurs du FLN, on croirait qu’ils ont l’intention de construire un autre parti, d’où l’impression de lire dans leur discours plutôt un acte d’accusation contre Belkhadem qui, de son côté, a promis qu’il ne serait pas inactif. D’autres épisodes en perspective dans le feuilleton FLN.
Karim Bouali
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