Nouvelles révélations dans l’affaire de corruption à Sonatrach
Dans un communiqué parvenu à Algeriepatriotique, l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) fait état de «nouvelles révélations dans l’affaire de corruption à Sonatrach». L’AACC rappelle que «jeudi 7 février, le parquet de Milan a ouvert une enquête pour "corruption internationale" visant le directeur général du Groupe pétrolier italien ENI, dans le cadre d'une affaire de pots-de-vin qui auraient été versés en Algérie». Toute la presse internationale, ainsi que les journaux algériens, l’ont largement évoquée, à longueur de colonnes. Les faits : « Pour s'adjuger huit contrats de travaux dans les projets algériens du gazoduc Medgaz et du gisement Menzel Ledjmet Est, évalués à 11 milliards de dollars (8,2 milliards d'euros), ENI et sa filiale d'ingénierie Saipem (détenue à hauteur de 42,93 %) auraient versé à une société de Hongkong, Pearl Partners Limited – appartenant elle-même à un intermédiaire franco-algérien –, la somme de 197 millions d'euros.» Cela a entraîné une perquisition des bureaux de l'ENI et le domicile de son directeur général. Mais selon l’AACC, ENI et son directeur général incriminent la Saipem en Algérie et rappellent que «lorsque les soupçons se sont portés sur la société d'ingénierie fin 2012, ils ont exigé une "rupture" dans le management de la Saipem, traduite par la mise à l'écart des cadres incriminés». L’AACC fait remarquer qu’alors que l'ENI se dit disposé à «fournir et fournira une coopération maximale à l'enquête», il n’y a pas de réaction du côté algérien. Pour l’AACC, «ce silence est plus qu’inquiétant : l’opinion publique algérienne est en attente d’au moins une déclaration de Sonatrach, ou à défaut du ministère de la Justice». L’AACC souligne que «selon les informations rendues publiques par la presse italienne, et non contredites, l'enquête du parquet de Milan porte sur plusieurs grands contrats conclus par la Saipem avec Sonatrach avant 2010, date de l'arrestation de son ancien PDG par les autorités algériennes. Le parquet de Milan avait déjà ouvert, en avril 2011, une enquête pour corruption présumée autour des activités de Saipem en Algérie. Ces investigations entraient dans le cadre d’une enquête sur les activités internationales de Saipem qui a obtenu de nombreux contrats en Afrique, en Algérie notamment. En 2008, Saipem avait obtenu des contrats d’un montant de plus de 6,5 milliards de dollars avec Sonatrach. Entre 2006 et 2009, le chiffre d’affaires de Saipem en Algérie se situait entre 15 et 20 milliards de dollars». L’AACC fait état d’un précédent : «Il y a 20 ans, le 4 avril 1993, l’hebdomadaire italien L’Espresso publiait les révélations du président de l’ENI de l’époque à un juge italien de l’opération "Mains propres" où il était question de pots-de-vin versés à des intermédiaires pour "faciliter" la conclusion des négociations sur l’achat de gaz algérien et le doublement du gazoduc qui relie les deux pays.» Aucune suite n’a été donnée à cette enquête, rappelle l’AACC qui note que «déjà dans ce premier scandale, il y a 20 ans, la Saipem (chargée du doublement du gazoduc entre l’Algérie et l’Italie) plaça l’argent des pots-de-vin sur des comptes de sociétés écrans installées dans des paradis fiscaux, comme le Liechtenstein». Pour l’AACC, aujourd’hui, «les instruments internationaux existent pour une entraide judiciaire entre l’Algérie et l’Italie». Elle appelle à des «enquêtes conjointes» entre les deux pays.
Karim Bouali
Voir dans la rubrique documents deux fac-similés de contrats accordant des pots-de-vin à un intermédiaire algérien.
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