Pourquoi les défendre ?
Deux journaux arabophones algériens à grand tirage et non moins rivaux volent au secours des islamistes tunisiens avec l’intention évidente de les aider à se tirer de la mauvaise situation dans laquelle les a plongés l’assassinat du militant démocrate Chokri Belaïd. Dans ces journaux, il n’y en a que pour Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahda, parti islamiste au pouvoir en Tunisie. Le quotidien arabophone El Khabar lui donne la parole pour lui permettre de disculper son mouvement accusé d’être derrière cet assassinat et reporter l’accusation sur une «main étrangère». Ghannouchi ne se prive pas de le faire et va même plus loin en reprenant les calomnies habituelles contre les démocrates et les modernistes de son pays. Son argument : Ennahda est au pouvoir et n’a pas intérêt à assassiner les opposants anti-islamistes. Pourtant, se débarrasser d’un militant démocrate de la trempe de Chokri Belaïd arrange surtout les islamistes et Ennahda en premier. El Khabar n’est pas le seul à se faire le véhicule des thèses islamistes concernant l’assassinat de Chokri Belaïd, d’autres journaux algériens se basent sur la question «à qui profite le crime ?» pour innocenter Ennahda comme si l’élimination d’un opposant profitait à cette même opposition. Ce sont les milices proches d’Ennahda qui ont menacé et même passé à tabac Chokri Belaïd. Tout indique qu’ils sont derrière ce meurtre. Ceux qui se prêtent complaisamment aux démonstrations de Ghannouchi omettent de prendre en compte le fait que le climat de violence propice aux assassinats politiques, visant les démocrates et les modernistes en Tunisie, a été créé par la permissivité d’Ennahda à l’égard des agissements des wahhabites qui œuvrent à la fois par l’intimidation et par le crime. En fait, Ghannouchi et Ennahda, qui s’attendaient à ce que les démocrates soient tétanisés, sont affolés devant la réaction de la rue tunisienne qui demande leur départ du gouvernement.
Karim Bouali
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