Francis Perrin : «La prise d’otages d’In Amenas est un échec stratégique pour les terroristes»
La prise d'otages de janvier dernier au complexe gazier d’In Amenas a été un «échec stratégique» pour les terroristes, en ce sens que les groupes islamistes armés continuent de se replier au nord du Mali et que les compagnies pétrolières étrangères ont «clairement» affirmé leur volonté de rester en Algérie, a estimé l'expert international en énergie, Francis Perrin. «Au-delà des pertes humaines que le groupe terroriste tentera de récupérer pour sa propagande et sa martyrologie, le bilan stratégique de cette attaque est un échec total», a indiqué l’expert dans le dernier numéro de la revue Pétrole et Gaz arabes. Pour lui, l'Algérie a été «incitée à riposter très fermement compte tenu de l'ampleur du défi qui lui a été lancé de façon aussi visible et aussi violente». Etayant les raisons de l'échec des terroristes, il a signalé que les associés du groupe pétrolier Sonatrach à In Amenas, BP et Statoil, ont «clairement» affirmé qu'ils entendaient rester en Algérie, pays dans lequel ils sont engagés dans d'autres importants projets à dominante gazière, à In Salah (exploitation gazière) pour les deux firmes, à Hassi Mouina (exploration gazière dans le bassin de Timimoun) pour Statoil et à Bourahet sud (exploration) pour BP. L'attaque du site gazier de Tiguentourine a, par ailleurs, posé des défis à l'Algérie notamment en matière de sécurisation de ses installations énergétiques, a estimé M. Perrin, qui concède cependant «qu'il n'y a pas de risque zéro, dans l'industrie des hydrocarbures comme ailleurs, et qu'il n'est pas aisé d'informer sur de telles questions qui nécessitent beaucoup de discrétion pour ne pas aider indirectement d'autres terroristes». L'autre défi, selon lui, est de convaincre certaines entreprises intéressées par l'Algérie mais qui n'ont pas encore pris de décision définitive d'investir dans le pays. «Il appartient aux autorités et à la Sonatrach de prendre la mesure de ces enjeux et de trouver, le plus rapidement possible, des réponses appropriées», a-t-il estimé. Le 16 janvier dernier, un groupe terroriste lourdement armé a pris en otages plus de 600 salariés du complexe gazier de Tiguentourine. L'assaut donné par les forces spéciales de l'ANP a permis de les libérer, dans leur majorité, faisant cependant 37 ressortissants étrangers et un Algérien tués et 29 ravisseurs abattus.
R. N.
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