Tunisie : démonstration de force des radicaux d’Ennahda
Le courant radical d’Ennahda l’a définitivement emporté dans une Tunisie en pleines turbulences. Les consultations engagées par le Premier ministre islamiste, Hamadi Jebali, de former un gouvernement apolitique ont été vivement critiquées et dénoncées par des dizaines de milliers de manifestants de son propre parti Ennahda qui ont arpenté les rues de Tunis pour réclamer le pouvoir à eux seuls. Un pouvoir sans partage que Rached Ghannouchi veut instaurer dans ce petit pays secoué par les fameuses «révoltes arabes». Les manifestants, barbus pour la plupart et empaquetés dans des kamis qui nous rappellent l’époque du sinistre FIS dissous, ont occupé toute la journée les rues du centre de Tunis pour défendre le droit de leur mouvement de diriger pleinement le gouvernement. Soutenir leur parti est pour eux un «devoir religieux». «Le peuple veut un Ennahda en fer», criaient-ils à tue-tête. Ces manifestants s’en sont violemment pris à l’ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi et son parti Nidaa Tounès (L’appel de la Tunisie) qui se pose en alternative au mouvement islamiste. Les manifestants ont appelé leur propre Premier ministre Hamadi Jebali à renoncer à son initiative de former un gouvernement apolitique ou à démissionner. Ennahda, dirigée par Rached Ghannouchi, est sur les traces du FIS dissous. Ce qui n’est pas surprenant quand on sait que Ghannouchi lui-même a été accueilli au début des années 1990 par les anciens dirigeants du FIS, hébergé et pris en charge pendant longtemps. La situation politique est devenue explosive depuis l’assassinat de l’opposant Belaïd Chokri. Les Tunisiens qui aspiraient à une démocratie se trouvent à la croisée de chemins. L’avenir de leur pays est en jeu. Et les craintes des uns comme des autres sont fortement exprimées dans la rue en constante ébullition. La Tunisie revient au point zéro de sa transition.
Sonia B.
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