La faute au chien
Quand, au détour d’une rue d’Alger, on croise un journaliste d’Al Jazeera, rentré au «pays» pour une enquête secrète déguisée en congé, on ne peut qu’être éclairé sur le fonctionnement interne de cette chaîne qui se mord les doigts d’être tombée sur un os dur en Syrie après avoir fait mordre la poussière à quatre présidents arabes, dont un est mort lynché par une meute de miliciens à la solde de Bernard-Henri Lévy, un est en prison, et deux sont en exil. A ces dictateurs, Al Jazeera a substitué des islamistes salariés du Qatar. A une question naïve (de l’auteur de ces lignes) sur le secret qui donne à cette boîte à mensonges la force d’aboyer sans jamais se fatiguer, notre compatriote, installé à Doha depuis plusieurs années, s’est rappelé au bon vieux souvenir de l’institut de journalisme d’Alger, lorsqu’un jour, on lui apprit cette incroyable formule : «Quand le chien mord un homme, ce n'est pas une nouvelle, mais quand l'homme mord le chien, c’en est une.» Devant une telle réponse, la solution ne peut être que pavlovienne : recourir à Wikipédia pour comprendre ce qu’est un journaliste d’Al Jazeera. On y trouve la définition suivante : première espèce journalistique à avoir été domestiquée par les richissimes propriétaires de la chaîne qui les paye pour montrer leurs crocs. La désignation des journalistes d’Al Jazeera suit généralement la standardisation suivante : journaliste de race : se dit d’un porte-voix d’Al-Thani qui a subi une standardisation sous forme de race afin d'isoler des comportementales désirés ; journaliste corniaud : ce mot s’utilise pour un porte-voix d’Al-Thani qui n'a jamais subi de standardisation mais qui subit des contraintes locales qui lui confèrent des caractéristiques particulières. Il est dit aussi que le cerveau du journaliste d’Al Jazeera figure parmi les plus performants, démontrant de très bonnes capacités cognitives avec des sens très développés, notamment le sens de l'odorat qui est extrêmement développé chez lui car il est le plus indispensable. L'ouïe est aussi un sens très précis chez le journaliste d’Al Jazeera, si bien qu’il peut entendre des sons jusqu'à quatre fois plus loin que ses confrères et capte également des sons inaudibles pour les journalistes normaux. De plus, ses oreilles peuvent s'orienter vers une source sonore en pivotant grâce à de nombreux muscles, ce qui leur permet une grande précision dans la localisation des bruits qui courent. Mais la vision du journaliste d’Al Jazeera est plutôt modeste comparée à ses deux premiers sens ; il perçoit facilement les objets en mouvement mais il a du mal à faire le point sur des objets immobiles, d’où sa propension à faire bouger les masses. Quant au goût, ce sens est assez peu développé chez le journaliste d’Al Jazeera car, explique-t-on, contrairement aux autres journalistes, chez ceux d’Al Jazeera, c'est l'odeur de la «nourriture» qui entre en premier en ligne de compte. Il eût été plus sage pour notre confrère d'Al Jazeera de retenir cette autre formule tout aussi canine : «Chien qui aboie ne mord pas.»
M. Aït Amara
Comment (8)
Les commentaires sont fermés.