Mouvements de redressement : le tour du secrétaire général de l’UGTA est-il venu ?
Des dizaines de cadres syndicaux interpellent Abdelmadjid Sidi Saïd sur la situation de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a-t-on appris d’une source syndicale. Soucieux de l’avenir de la plus ancienne organisation syndicale du pays, ces cadres syndicaux demandent un audit pour pouvoir engager des «réformes structurelles» afin de préparer la Centrale syndicale à affronter les défis de l’avenir». Selon notre source, l’initiative de ces syndicalistes, parmi eux des fédéraux et des secrétaires généraux de syndicats d’entreprise, est motivée par l’ascension des syndicats autonomes qui chassent désormais sur le terrain de l’UGTA. Pour eux, le problème n’est nullement le sigle, mais plutôt l’approche organisationnelle de l’UGTA. Cette démarche, ajoute notre source, vise à préserver ce syndicat qui «fait partie du patrimoine historique de l’Algérie contemporaine». Pour ce faire, il doit s’adapter au pluralisme syndical qui se manifeste fortement sur le terrain de la lutte des travailleurs. Les initiateurs de cet appel mettent en avant la déperdition des ressources humaines dont jouit l’UGTA et sa perte d’influence dans de nombreux secteurs. Les cas illustratifs du rétrécissement du champ d’actions de la Centrale syndicale sont multiples et nombreux. Le dernier en date est celui du ministère des Affaires étrangères dont les travailleurs se sont fortement mobilisés derrière le syndicat autonome récemment créé pour «combler le vide» laissé par les syndicalistes affiliés à l’UGTA. Il y a aussi la grève qui a paralysé la Poste en janvier dernier. Une grève anarchique déclenchée par des travailleurs et qui a totalement échappé au contrôle du syndicat d’entreprise affilié à la Fédération des transports de l’UGTA. Au sein de la fonction publique, des structures syndicales affiliées au Snapap, profitant de l’immobilisme de l’UGTA, ont fait une percée fulgurante ces dernières années dans les différentes administrations publiques. Autres secteurs presque totalement perdus par la Centrale syndicale, la santé, l’éducation et l’enseignement supérieur. Dans la santé et l’éducation, les syndicats autonomes ont surclassé les organisations relevant de l’UGTA. Un constat peu reluisant pour cette organisation syndicale historique qui est appelée à opérer sa mue pour redorer son blason et aller à la reconquête des espaces syndicaux perdus. Les cadres syndicaux, précise notre source, veulent profiter de la double célébration du 57e anniversaire de la création de l’UGTA et du 42e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures pour baliser le terrain à ce «chantier de réformes» qu’ils considèrent d’ailleurs comme «inévitable» si on veut encore sauvegarder cette organisation et la développer. Reste à savoir si Abdelmadjid Sidi Saïd va adopter cette démarche et la soutenir. L’UGTA, qui reste très présente au sein des grands groupes économiques publics, compte actuellement quelque 450 000 adhérents à travers le territoire national.
S. Baker
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