Le FIS profite du cafouillage du pouvoir dans l’affaire Sonatrach pour revenir au-devant de la scène
Le journal Echorouk est devenu – définitivement – le porte-voix du FIS. Dans son édition d'avant-hier, il donne du «cheikh» au terroriste Ali Benhadj à qui il publie une longue lettre sur la corruption adressée à Bouteflika ; une lettre teintée de religiosité, avec une série de fetwas et de conseils à un chef de l'Etat de moins en moins présent, à l'approche d'une échéance électorale cruciale où tout présage un retour en force des islamistes dont les derniers repositionnements n'augurent rien de bon pour la démocratie. Dans le même temps, le journal publie une série d'articles d'un survivant du FFS, un parti mourant, sur la position d’Aït Ahmed vis-à-vis de l’arrêt du processus électoral. Pour ce revenant, le FIS aurait acquis une victoire légitime en 1991, Chadli aurait été forcé à la démission, la manifestation gigantesque qui avait drainé plus d’un million de citoyens aurait été organisée «par» le FFS et non pas «au nom» du FFS, puisque d’aucuns savent qui est véritablement derrière cette démonstration de force destinée à prouver au FIS qu’il n’était pas, loin s’en faut, majoritaire au sein de la société. Cette valse d’anciens du FIS et de l’aile pro-FIS du FFS, transbahutés entre deux journaux arabophones, indique clairement qu’il existe une volonté inavouée de certains cercles influents de remettre les résidus de cette formation moyenâgeuse en selle en 2014. Une crainte que partagent beaucoup d’observateurs, qui en veulent pour preuve le récent passage de Hocine Malti – bien qu’il ne soit pas proche de ce parti ni de ses idées intégristes – sur la chaîne de désinformation financée par le Qatar, manipulée par Israël et qui émet à partir de Londres, Al Magharibiya, suite à son pamphlet adressé il y a quelques jours au patron des services secrets algériens sur l’affaire Sonatrach. «Les pièces du puzzle sont en train de se reconstituer», souligne une source politique à Algeriepatriotique, qui estime que le président Bouteflika, «s’il est vraiment sincère» dans la déclaration qu’il a faite à l’occasion du 24 Février s’agissant de l’affaire Sonatrach, devra «accélérer la procédure pour convoquer Chakib Khelil devant les tribunaux algériens dans les plus brefs délais». D’ailleurs, pour notre source, si l’affaire Sonatrach a pris cette ampleur et si le peuple doute de la sincérité du pouvoir à laisser la justice faire son travail librement dans ce dossier, «c’est parce que Bouteflika a gardé le silence trop longtemps, ce qui a fait croire qu’il couvrait deux hommes très proches de lui, Chakib Khelil et Mohamed Bedjaoui, qui plus est sont de sa région». Entre temps, la machine de l’opposition islamiste s’est ébranlée et les intégristes, connus pour leur opportunisme politique et leur redoutable pouvoir de manipulation, ont sauté sur l’occasion pour se montrer sous leur meilleur jour afin, de nouveau, séduire un électorat écœuré par toute cette crasse. 21 ans après l’arrêt salvateur du processus électoral, l’Algérie est en train d’effectuer un retour à la case départ.
M. Aït Amara
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