L’armée égyptienne au président Mohamed Morsi : «Notre patience a atteint ses limites»
L’armée égyptienne perd patience. Sujette à des attaques répétées de la part de responsables des Frères musulmans au pouvoir, l’institution, qui jusque-là a fait preuve de «discipline», commence à fait part de son ras-le-bol via les réseaux sociaux. On n’en est pas encore aux communiqués officiels, mais tout indique que les messages postés par de hauts gradés sur leurs comptes Facebook et Twitter résonnent comme un «tir de sommation». C’est par la voix de son porte-parole que l’armée a lancé un message sans ambages aux Frères musulmans, dont certains membres ont été jusqu’à accuser les militaires d’être derrière l’opération terroriste de Rafah, perpétrée le mois de Ramadhan dernier et qui avait coûté la vie à 16 soldats. «Ces allégations mensongères du dirigeant islamiste Ali Abdelfattah visent à égratigner l’image de l’armée auprès des citoyens (égyptiens) pour les pousser à se révolter contre elle, ce qui arrangerait les affaires des Frères musulmans» dont la cote est en baisse depuis que Mohamed Morsi a été élu à la tête du pays. Il semble, en effet, que la neutralité observée par l’armée dans le conflit politique qui oppose le président à l’opposition, conduite par plusieurs personnalités et partis démocratiques, ne joue pas en faveur du pouvoir en place. Les Frères musulmans ressentent cette abstention de l’armée comme une sorte de «désobéissance», puisqu’elle devrait, selon eux, agir de sorte à défendre le président «légitimement élu» et dont le pouvoir vacille. Les propos des dirigeants islamistes, en perte de vitesse, ne plaisent pas à la hiérarchie militaire qui y voient aussi une tentative de diviser les rangs de l’armée : «La patience de l’institution militaire a atteint ses limites», a averti le porte-parole de l’armée, sur fond de rumeurs sur un probable limogeage du ministre de la Défense par le président Morsi. L’armée voit d’un mauvais œil les visées hégémoniques des Frères musulmans qui veulent étendre leurs tentacules à toutes les institutions, y compris l’armée qui avertit : «L’institution militaire ne sera jamais une milice entre les mains d’un courant ou d’un autre.» La recrudescence de la violence et l’incapacité du pouvoir islamiste à rétablir l’ordre dans un pays exsangue, au bord de la faillite, fait dire aux observateurs que l’armée pourrait pousser Morsi vers la porte de sortie et reprendre les commandes du pays pour une nouvelle période de transition. Ce qui, toujours selon ces observateurs, ouvrirait la voie à une confrontation directe entre des militaires adoubés par une opposition démocratique qui se sent abusée et un pouvoir politique chancelant, affaibli par une situation économique inextricable.
Sarah L.
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