Corruption : les magistrats de la Cour des comptes en colère
Rien ne va plus entre le Syndicat national des magistrats de la Cour des comptes et son président. Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, ce syndicat, présidé par Zineddine Harrach, monte au créneau pour dénoncer vivement la paralysie de cette institution qui est censée jouer le rôle de gendarme des finances de l'Etat, des collectivités territoriales et des services publics. Le syndicat qualifie la situation de «grave» et d’«intenable», assurant que toutes les portes du dialogue sont fermées. «Le Syndicat national des magistrats prend à témoin l’opinion publique nationale et tous les médias quant à la fermeture des portes du dialogue avec le président de la Cour des comptes», souligne-t-il dans ce communiqué à travers lequel il annonce la tenue d’une assemblée générale extraordinaire le 11 mars prochain, pour examiner la situation et prendre les décisions appropriées, après l’échec de la voie du dialogue avec la direction. Le syndicat parle de «l’absence de gestion de cette importante institution qui doit exercer pleinement sa fonction de contrôle des comptes publics et de veiller sur leur régularité et légalité. Autrement dit, la Cour des comptes constitue un garde-fou contre toute forme de dilapidation de deniers publics et de corruption. Pour le syndicat, «la situation s’envenime et se dirige vers le pourrissement en raison notamment des terribles pressions psychologiques exercées sur les magistrats». Des pressions qui, ajoute-il, portent gravement atteinte à leur indépendance dans l’accomplissement de leur devoir professionnel. Le syndicat œuvre, affirme-t-il, pour redonner à la Cour ses lettres de noblesse en libérant les magistrats de cette «bulle bureaucratique» afin que cette institution fasse le travail pour lequel elle a été créée et réponde aux attentes du peuple, notamment en matière de protection de l’argent public. Le syndicat veut que les magistrats de la Cour jouent pleinement leur rôle dans la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Son cri de colère intervient dans un contexte marqué par l’éclatement de scandales de corruption qui éclaboussent plusieurs personnalités algériennes et d’anciens hauts responsables. La Cour des comptes est souvent critiquée pour sa «passivité» et son rôle réduit dans le contrôle des finances de l’Etat. Un contrôle plus que nécessaire dans un pays où les projets aux financements publics se comptent par dizaines de milliers et se chiffrent en milliards de dollars.
Sonia Baker
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