Le double message
Le chef de l’Etat veut à tout prix se rattraper, en multipliant les déclarations chantant les louanges de l’ANP. Ainsi, après les premiers messages, quelque peu obliques qu’il avait fait lire à des occasions différentes, il préfère s’adresser cette fois-ci directement aux troupes, par l’intermédiaire de la revue El-Djeïch, par un message destiné aussi à l’opinion publique. Il veut faire désormais de la bataille de Tiguentourine le point d’orgue d’une nouvelle stratégie de défense, mettant la sécurité nationale comme une priorité nationale, et appelant de fait l’armée à jouer un rôle prépondérant dans le maintien de la stabilité et de la cohésion nationales. Dans un précédent message, adressé à l’occasion de l’anniversaire du 24 Février, Bouteflika avait mis en garde contre les dangers qui proviendraient de notre voisinage direct, pris dans un horrible tourbillon de violence et de désintégration. Plus politiquement, dans cet appel au renforcement du rôle des forces de sécurité dans cette conjoncture régionale trouble, le chef de l’Etat suggérerait implicitement une unité des rangs à l’intérieur du pays, une consolidation du «front interne», pour ne permettre aucune fracture (les mouvements de contestation sociale peuvent en être une, mais aussi les accès de violence ethnique à Ghardaïa ou Tinzaouatine) susceptible de rendre notre sécurité vulnérable. Subrepticement, son message s’adresserait aussi aux décideurs militaires pour soutenir une démarche devant amener à approuver un nouveau mandat pour le Président, «seul garant de la continuité et donc de la stabilité». Chose que Bouteflika a, jusqu’ici, évité d’évoquer directement, mais sur quoi il est appelé, tôt ou tard, à se prononcer. A une année de l’élection présidentielle, ce n’est pas trop tôt…
R. Mahmoudi
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