La Suisse vend la mort
Le mythe d’une Suisse neutre, pacifiste, mue par le seul souci d’offrir ses bons offices pour le règlement des conflits internationaux, tout en se défendant de s’y immiscer militairement, en application du traité de 1815, signé par les puissances européennes, qui lui confère ce statut éternel, est battu en brèche par des informations faisant état d’une véritable industrie d’armement dans ce pays. Ainsi, la Suisse a exporté du matériel militaire vers 68 pays pour une valeur totale de 700,4 millions de francs suisses. Dans cette somme, qui correspond à 0,33% de ses exportations globales, figure également la vente aux Emirats arabes unis d'avions d'entraînement non armés (132,8 millions). Outre les Emirats arabes unis, ses principaux clients ont été l'Allemagne (245,4 millions), l'Italie (61,1millions), les Etats-Unis (32,4 millions) et l'Inde (26,9 millions). Ce paradoxe ne semble pas perturber, outre mesure, les puissances qui sont historiquement «garantes» de la neutralité de la Suisse, encore moins les pays à qui elle exporte ces machines de la mort. Le pays helvétique n’est pas à sa première distorsion, puisque même en politique, les autorités de ce pays usent et abusent de plus en plus de leur statut particulier pour s’ingérer dans les affaires internes de certains pays. Elles lancent des cabales judiciaires et servent les intérêts de groupes occultes, comme on l’a vu lors de l’interpellation du général Khaled Nezzar, l’année dernière, par une juridiction qui se dit compétente pour juger des personnes étrangères sur une simple requête sans fondement qui ne répond à aucune norme du droit international. En définitive, la Suisse est en train d’opérer un double glissement qui lui ôte de fait le statut particulier dont elle jouit abusivement, alors qu’on sait que ses initiatives de bons offices dans les grands conflits qui secouent la planète sont réduites à néant.
R. Mahmoudi
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