Une interview, six âneries
Quand un ancien secrétaire de Mohamed Betchine et un ancien garde du corps d’Abassi Madani se croisent, ça donne un dialogue burlesque. Le premier, Hichem Aboud, a ouvert les colonnes de [son] journal au second, Seddik Daadi, sous-traitant pour le compte d’ONG étrangères soucieuses du bien-être des Algériens. Interview pathétique dans un quotidien qui s’échine à se hisser en grimpant sur le crâne glissant de Raouraoua et Rebrab. Que dit le sbire au conciliateur ? Six choses : j’étais militant du FIS mais je ne fais pas de politique ; le général Khaled Nezzar ne m’a pas torturé mais je l’attaque en justice quand même ; si Boudiaf était vivant, c’est lui que j’aurais traîné devant les tribunaux sans état d’âme ; je n’ai pas recouru à une instance judiciaire étrangère mais à une juridiction internationale neutre ; je n’ai rien fait contre la République ; si la justice algérienne prend en charge ma plainte, je rentrerai au pays à la nage s’il le faut. Six absurdités qui ont subjugué les magistrats du tribunal fédéral d’un pays où, pourtant, le temps c’est de l’argent. Résumons. Le karatéka Seddik Daadi n’était pas un homme politique mais un gorille au service d’Abassi et Benhadj. Le général Khaled Nezzar ne lui a fait subir aucun sévice, mais il l’attaque en justice quand même pour avoir «fait du mal au peuple algérien». Cette formule rappelle à s’y méprendre une autre, plus récente, «la communauté internationale», au nom de laquelle des pays s’arrogent le droit d’envahir d’autres dont le seul tort est de ne pas courber l’échine devant la grande Amérique. Dans le cas algérien, «peuple» doit par déduction signifier le FIS. Le père de la Révolution, Mohamed Boudiaf, dont des millions d’Algériens ont pleuré la mort, cependant que quelques milliers de Daadi jubilaient de le voir lâchement abattu d’une rafale dans le dos, aurait été livré à l’ennemi, pieds et poings liés. La marionnette de Trial attribue à la justice du pays étranger où il mange, boit et dort, la qualité de «juridiction internationale». Peut-on reprocher à quelqu’un qui croit que le FIS c’est l’islam de croire que la Suisse c’est le monde ? Si Seddik Daadi n’a rien fait contre la République, c’est parce que son parti en a été empêché in extremis. Enfin, Daadi ne rentrera pas en Algérie parce qu’il est bien là où il se trouve, au pays de Lindt et Sprüngli.
M. Aït Amara
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