Les imams s’organisent pour contrer le salafisme wahhabite en Algérie
De nombreux imams se mobilisent pour faire face à ce qu’ils qualifient de «dangereuse emprise du salafisme wahhabite sur les mosquées» en Algérie. Après plusieurs réunions marathon tenues ces derniers jours, ils ont pu finaliser les préparatifs pour la création d’une coordination nationale des imams (CNI) dont la mission principale est de «nettoyer les mosquées de la pieuvre salafiste qui étend ses tentacules sur la société», précise une source très proche de ce mouvement dit des imams soft. Cette coordination sera installée, d’après notre source, le dimanche 17 mars au niveau de la Centrale syndicale. L’initiative est conduite par l’éminent cheikh Djelloul Hadjimi, actuel imam de Telemly à Alger, lequel mène depuis des années le combat contre «le salafisme wahhabite» qui gagne du terrain en Algérie et constitue une «réelle menace sur la cohésion nationale et les valeurs de la République». «Cette coordination est le fruit d’un travail de longue haleine qui a commencé il y a plus de deux ans. Le cheikh Hadjimi et son équipe ont sillonné le pays et rencontré un nombre important d’imams pour les sensibiliser sur les dangers de ce courant salafiste éminemment idéologique importé du Qatar et de d’Arabie Saoudite», a ajouté notre source. Activant au sein de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), l’imam Hadjimi connaît bien l’origine de ce courant et le but de sa création. «En voulant structurer les imams dans une organisation propre à eux, le cheikh cherche ainsi à les prémunir contre ce vent néfaste venu de l’Orient et qui vise les sociétés de l’Afrique du Nord», précise notre source qui dit que les initiateurs de cette démarche ont bien mesuré la gravité de la situation avant de se lancer dans un tel projet. Ils comptent dans les prochains mois dresser une cartographie du salafisme en Algérie avec la liste d’imams salafistes dits «irrécupérables» que l’Etat devra impérativement changer. Les créateurs de cette coordination ont déjà rencontré le ministre des Affaires religieuses ainsi que celui de l’Intérieur auxquels ils ont exprimé l’objectif de leur démarche. Une démarche motivée par la montée inquiétante d’imams salafistes qui prennent en otages des pans entiers de la société. Selon les dernières données disponibles au niveau du ministère des Affaires religieuses, il y a près de 80% de mosquées (plus de 17 000) à travers le territoire national qui seraient sous le contrôle d’imams salafistes. «Un véritable bataillon religieux qui se livre à l’endoctrinement d’enfants et de jeunes adolescents à travers des programmes conçus dans les laboratoires wahhabites au Qatar et en Arabie Saoudite», soutient notre source. Les salafistes sont connus pour leur rejet de la référence religieuse algérienne et leur refus de se conformer aux lois et aux règlements préconisés par le ministère pour gérer les mosquées et autres établissements religieux. Leur seul objectif est de propager «une référence salafiste wahhabite comme si elle était une affaire constitutionnelle», poursuit notre source. Cette coordination aura ainsi à faire face aux nombreux «prédateurs» qui se font passer pour des religieux respectables. Une fois dans la mosquée, ils usent et abusent de la tribune qui leur est offerte pour prêcher le faux. Le salafisme est désormais considéré comme un danger planétaire. Il inquiète, en tout cas, au-delà de nos frontières, notamment par l’ampleur et les dégâts qu’il occasionne aux sociétés. Tout récemment, Algeriepatriotique s’est fait l’écho d’un rapport des services secrets allemands qui tirent la sonnette d’alarme quant à la hausse vertigineuse du nombre de salafistes dans leur pays. Un rapport qui devra inspirer les nôtres.
S. Baker
Comment (24)