Nouvelle ville Ali-Mendjeli : exemple flagrant d’une politique urbanistique à visage inhumain
L’assassinat des deux enfants à la nouvelle ville Ali-Mendjeli a révélé la situation désastreuse que vivent les habitants de cette immense cité dortoir de la banlieue constantinoise. Des sources qui ont requis l’anonymat ont fait part à Algeriepatriotique, aujourd’hui, d’une forte possibilité qu’une émeute ait lieu. «Il y a de l’électricité dans l’air. Les habitants de cette cité sont au bord de l’explosion», avertit notre source, qui n’écarte pas un soulèvement de la population qui n’en peut plus de supporter le laxisme des services de sécurité devant ce qu’ils qualifient de «capitulation devant le grand banditisme». «Cela fait des années que nous avertissons les autorités sur les graves conséquences de l’état d’abandon dont souffre cette ville anarchique mais ces dernières adoptent la politique de l’autruche», s’insurge-t-on, sur place. Voici quelques semaines, le ministre de l’Environnement, Amara Benyounès, en visite à Constantine, n’a pas caché son désarroi à la vue de cet alignement de barres hideuses. «C’est l’anarchie totale à Ali-Mendjeli, ça ne peut plus durer. Les autorités s’en foutent complètement, bien que les citoyens n’aient eu de cesse de demander que soient renforcées les mesures de sécurité», s’indigne un citoyen de cette cité. «Ici, le maître mot c’est la corruption !» dénonce-t-il. Les milliers de citoyens qui ont assisté à l’enterrement des deux enfants martyrs, cet après-midi, n’ont pas caché leur colère. «Ce qui vient de se passer est trop grave pour que nous puissions revenir à une vie normale comme si de rien n’était», peste un autre citoyen. Comme toutes les autres cités dénuées du minimum vital et esthétique que le président Bouteflika continue à inaugurer à travers le pays, la ville d’Ali-Mendjeli est un exemple criant de la faillite de la politique urbanistique en Algérie. Des experts n’arrêtent pas de mettre en garde contre la grave dérive sécuritaire qu’un tel paysage urbain d’une laideur repoussante fait peser sur le pays. De même que la politique d’éradication des bidonvilles n’a pas été suivie d’une réflexion sociologique profonde, le populisme et l’improvisation l’emportant sur la raison et la vision à long terme. Il en a résulté des frictions récurrentes dans ce melting pot créé par le mélange de différentes couches sociales «casées» dans un même espace. Un programme national de rénovation urbaine devra être mis en place. C’est aussi cela la lutte contre la criminalité.
M. Aït Amara
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