Vers un nouveau coup de force occidental en Algérie ?
En Algérie, les réseaux de déstabilisation sont en place depuis la fin 2010. Ils se sont déjà fait la main en janvier puis en août-septembre 2011. La crise libyenne, l’assaut contre la Syrie et les opérations de l’Otan au Sahel ont simplement reporté leur opération en vue d’un coup d’Etat pro-occidental.
Otpor/Canvas, encore et toujours…
En Algérie, les réseaux de déstabilisation sont en place depuis la fin 2010. Ils se sont déjà fait la main en janvier puis en août-septembre 2011. La crise libyenne, l’assaut contre la Syrie et les opérations de l’Otan au Sahel ont simplement reporté leur opération en vue d’un coup d’Etat pro-occidental.
Otpor/Canvas, encore et toujours…
Il ne faut pas confondre ces réseaux de déstabilisation avec les réseaux djihadistes chargés, eux, ensuite, de transformer l’insurrection en guerre civile. Derrière ces réseaux, on retrouve les activistes arabes formés à Belgrade et aux USA par le réseau Otpor et Canvas, son école de subversion, financés par la CIA. Otpor, directement financé et soutenu par la CIA et les réseaux Soros, est directement derrière le déclenchement des soi-disant révolutions arabes, par le biais de coups d’Etat rampants qui sont la marque des mercenaires des USA et de l’Otan. Il s’agit purement et simplement, comme nous n’avons pas cessé de le dire dès le premier jour, de coups d’Etat soigneusement orchestrés et préparés par les services spéciaux de l’Otan avec l’aide des mercenaires de l’Occident, les professionnels de la déstabilisation made in Otan, Otpor… Srdja Popovic, qui dirige maintenant le Center for Applied Non-violent Action and Strategies, basé à Belgrade (Serbie), ou Canvas, le confirmait en mars 2011 dans une interview avec Associated Press. Les vétérans du mouvement Otpor – les tombeurs de Milosevic à Belgrade en octobre 2000 – ont créé une organisation qui forme en Serbie et aux USA des mercenaires pro-occidentaux spécialisés dans l’art de la subversion, sous prétexte de «révolution pacifique» (sic). Ils ont formé l’un des groupes principaux de jeunes au centre de la révolution en Egypte et précisent avoir «influencé la rébellion libyenne». «Il est probable que certains groupes de jeunes Libyens ont eu l’idée sur la façon de renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, comme les militants égyptiens que nous avons formés», a déclaré l’ancien chef d’Otpor, Popovic. Otpor a aussi organisé des groupes en Tunisie, au Yémen, à Bahrein, au Maroc, et en Algérie. J’ai longuement analysé les deux coups de forces occidentaux en Algérie tentés en janvier et septembre 2011. Je renvoie le lecteur intéressé à ces analyses.
Des blogueurs entraînés par la CIA en Tunisie
Revoilà, semble-t-il, ces mercenaires de l’agitation politique qui s’intéressent de nouveau à l’Algérie. Leader du Parti des travailleurs algérien (gauche laïque), Louisa Hanoune a révélé, lors d’un rassemblement populaire à Annaba, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, «qu’une société américaine privée recrute plus de 200 jeunes Algériens résidant en Tunisie pour les utiliser dans le prochain épisode du printemps arabe prévu bientôt en Algérie». Le nombre de blogueurs algériens impliqués dans ce programme est de 200, travaillant à «déterminer les restrictions sur les libertés en Algérie et à définir les besoins sociaux de la population». Certains ont pour mission de «documenter les événements de la décennie noire en Algérie et les abus de pouvoir pendant les années 90». Elle a ensuite «confirmé la présence d'autres organisations non gouvernementale appartenant aux services de renseignements américains qui œuvrent pour la déstabilisation de l'Algérie, profitant des conditions socioéconomiques difficiles des régions du sud de l'Algérie où l’on assiste à l’effervescence de slogans étranges appelant à la sécession du sud de l'Algérie». Selon le quotidien algérien El-Fajr, «il semble que le Mouvement de la renaissance (Ennahda, Tunisie) travaille en coordination avec la société américaine Freedom House pour recruter 200 jeunes blogueurs algériens et les faire activer sur des sites de réseaux sociaux ou organiser des forums dénonçant une soi-disant crise en Algérie, voire un rétrécissement des libertés dans le pays». Le tout encadré dans un programme baptisé «nouvelle génération de militants pour la démocratie en Algérie».
Scénario de type libyen en Algérie
Un programme vise à déstabiliser l’Algérie, supervisé dans les coulisses par le ministre tunisien des droits de l'Homme et cadre au Mouvement de la renaissance, Samir Dilo. Car le cheval de Troie pro-occidental est déjà en place au sein même du régime algérien, qui s’est ouvert à des formations islamiques dites «modérées».
Un scénario qui rappelle la Libye de Kadhafi où l’aile libérale pro-occidentale, apparue au grand jour en 2003, a déstabilisé la Jamahiriya et préparé le coup d’Etat du CNT. Ces libéraux, là aussi allié à des islamistes comme Mustapha Abdeljalil qui a pris la tête du CNT. La Libye aussi, depuis 2003, avait une aile libérale, opposée à celle des socialistes patriotes. Celle rassemblée derrière Seïf El-Islam, qui a amené libéraux et islamistes (comme le président du pseudo CNT Abdeljalil) au pouvoir. Il faut lire les pages révélatrices de Bernard-Henry Lévy sur Seïf El-Islam dans son dernier livre d’auto-propagande personnelle La guerre sans l’aimer, où il pose la question qui choque : «Comment celui qui était des nôtres (l’expression est de lui) a-t-il pu rejoindre son père ?»
Le régime libyen a été déstabilisé et attaqué de l’intérieur dès 2003. Avant que les bombes, les armées et les mercenaires de l’Otan et des USA ne viennent finir le travail. J’ai vécu de l’intérieur cette prise de la Libye, aux côtés de nos camarades socialistes du MCR. J’ai vu comment les illusions de Tripoli sur la coexistence pacifique et l’économie globalisée, mais aussi sur le dialogue avec les «islamistes modérés», ont permis aux libéraux libyens de se constituer en cheval de Troie et préparer l’assaut extérieur. Tous ces libéraux, à l’exception du fils de Kadhafi qui a choisi la fidélité à son père et à sa patrie, se sont retrouvés dans la junte de Benghazi, puis aujourd’hui dans les institutions fantoches de la Libye recolonisée.
Encore et toujours les Frères musulmans
Le quotidien El-Fajr dévoile «la tenue d’une session de formation à la désobéissance civile, parrainée par le Mouvement de la renaissance, en collaboration avec Freedom House. Or, la branche de cette organisation en Algérie est dirigée par Abdul Razzaq, le vice-président du Mouvement de la société pour la paix, un mouvement qui est la représentation algérienne des Frères musulmans. Washington n’a bien entendu jamais renoncé à imposer son soi-disant «printemps arabe» en Algérie. Et comme partout ailleurs, le fer de lance de sa politique impérialiste ce sont ses vieux protégés depuis 1947 – avant les «Frères» étaient aidés par les Nazis du IIIe Reich –, les Frères Musulmans ! J’ai aussi longuement analysé le rôle des islamistes algériens, salafistes et Frères musulmans, dans l’assaut contre l’Algérie organisé par les USA et l’Otan. Je renvoie le lecteur à ces analyses.
L’utilisation du sécessionnisme kabyle pour déstabiliser l’Algérie
Pour un scénario de type libyen, il faut aussi un «Benghazi algérien». C’est précisément le rôle assigné à la réactivation du sécessionnisme kabyle, sujet tabou en Algérie, où l’on préfère parler des «problèmes du Sud». La secrétaire générale du Parti des travailleurs met aussi «en garde contre un éventuel soulèvement au sud algérien si les autorités officielles n’agissent pas aussitôt que possible pour contenir la situation et satisfaire les revendications des jeunes de cette région». Intervenant toujours lors du meeting populaire tenu à Annaba, Louisa Hanoune «a révélé l’existence de certains rapports émanant d’organisations occidentales, qui traitent des questions liées au respect des droits de l’Homme, évoquant la faible croissance enregistrée dans la région de la Kabylie et au sud du pays, en s’étonnant du fait qu’il y ait un véritable lien avec les velléités séparatistes de Ferhat M’henni». Echorouk online écrit que Louisa Hanoune a également laissé entendre que «des ONG relevant des services secrets américains visent à déstabiliser le pays, profitant des situations difficiles qu’ont connues les régions du Sud du pays, dont des voix s’élevaient récemment pour la séparation du Sud du reste du pays. Bien qu’elle ait salué la position héroïque et l’esprit de nationalisme constatés chez la population du Sud qui s’attache fortement à l’intégrité territoriale du pays, elle révèle, en revanche, d’importantes anomalies qu’il faut colmater tout en appelant à résoudre les problèmes sociaux de la population du Sud». Elle a conclu, fort justement, sur «le danger qui guette le pays, si Bouteflika ne tranche pas en urgence ces questions en vue d’éviter au pays les affres de la guerre au Mali et une éventuelle intervention étrangère dans le pays que préparent certains États et organisations». 2013 sera vraiment l’année de tous les dangers pour Alger. Une Algérie bien isolée avec des gouvernements islamistes en Tunisie, Libye et Egypte, avec l’ennemi traditionnel marocain où les islamistes sont aussi aux affaires, avec enfin un Sahel où l’Otan et l’Africom sont maintenant très présents grâce à l’intervention au Mali.
Luc Michel
http://www.facebook.com/notes/solidarite-algerie-solidarity-algeria/-luc-michel-vers-un-nouveau-coup-de-force-occidental-en-algerie-/402846949812433
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