Fabius calque son discours sur la Syrie sur celui de Sarkozy sur la Libye
Le gouvernement français se trouve désormais seul, avec Londres, après le grand virage que connaît la crise syrienne depuis deux jours, suite à la déclaration du secrétaire d’Etat américain John Kerry qui a finalement décidé d’adhérer à l’option russe, laquelle préconise un dialogue ouvert et sans préalable entre les belligérants, en écartant, pour la première fois, la condition du départ du président Al-Assad. Paris a d’abord tenté de faire pression sur l’Union européenne pour obtenir la levée de l’embargo sur les armes destinées à l’opposition, en vain. Laurent Fabius, le plus zélé de tous les chefs de diplomatie occidentaux, décide donc avec son homologue britannique, d’outrepasser l’Union européenne pour annoncer l’intention de son pays de «passer à l’acte», en violation flagrante du droit international. Avant d’annoncer la décision de son gouvernement, Laurent Fabius publie une tribune dans le journal socialiste Libération, où il tente de justifier sa décision, en essayant de remettre au goût du jour la campagne qui a suivi la croisade contre la Libye en 2011, mettent en relief la situation alarmante des populations, «massacrées» selon lui, par les «milices du régime» qui «frappent indistinctement hommes, femmes, enfants». Et de jouer, comme d’habitude, sur les sentiments : «Les corps ensanglantés, allongés sur des lits d’hôpitaux, de trois enfants – 7, 9 et 11 ans – tués par un tir de missile sur le village d’Abou Taltal, dans la province d’Alep, sont devenus un des symboles de ce peuple qu’on assassine.» Pour en arriver au scénario libyen : «Tout un peuple est pris en otage par un dictateur qui bombarde, torture, assassine, avec pour seul objectif sa propre survie.» Fabius ne parle pas encore du droit d’ingérence, mais pour lui, «le moment est venu d’avancer pour passer à une nouvelle étape». Allant à contre-courant des démarches tous azimuts, auxquelles même la Coalition nationale syrienne – une opposition pourtant montée par la France et le Qatar – semble adhérer, le chef de la diplomatie française décrète qu’«il est aujourd’hui largement reconnu que Bachar Al-Assad n’aura personnellement plus sa place dans la Syrie de demain». Et s’il dit soutenir, malgré tout, une «solution politique pour sortir la Syrie du chaos», c’est pour précipiter la capitulation du «régime» syrien.
R. Mahmoudi
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