Manifestation d’Ouargla : «L’essentiel était de faire passer le message»
Des milliers de chômeurs des wilayas du Sud se sont rassemblés tout au long de la journée devant le siège de l’APC d'Ouargla, sur l’artère principale de cette ville pétrolière. Ce qui devait être une marche «millionnaire» s’est, en effet, transformée en un méga sit-in de plusieurs heures. Un sit-in qui aurait regroupé environ 4 000 personnes selon la police et près de 8 000 selon les organisateurs. Le Comité national de la défense des droits des chômeurs (CNDDC) qui a appelé à cette manifestation a dû renoncer à la marche prévue initialement et annoncée en grande pompe par le porte-parole du mouvement, Tahar Belabbès, pour, dit-on, des «raisons strictement sécuritaires». Leur manifestation s’est toutefois déroulée dans le calme. Les appréhensions exprimées à la veille de cette action de protestation n’étaient finalement pas justifiées. «Les services de sécurité, fortement déployés sur place, n’ont aucunement usé de la force contre les manifestants qui étaient totalement libres de leurs mouvements», nous affirme un témoin oculaire. Munis de banderoles et de pancartes sur lesquelles ont pouvait lire «Donnez-nous du travail !» ou encore «Nous sommes tous algériens», les manifestants ont scandé des slogans tels que : «Combattons jusqu’à l’obtention d’un emploi décent !» ou «Du travail pour tous, finie la hogra !». Du point de vue sécuritaire, la manifestation est un franc succès. Sur le plan organisationnel, elle était très loin de la perfection en ce sens que beaucoup de manifestants étaient totalement désemparés, n’arrivant même à entendre les interventions des organisateurs qui n’étaient pas munis de haut-parleurs ou de micros. Débordés, les organisateurs se sont plusieurs fois retrouvés nez à nez avec des policiers qui leur ont apporté leur aide pour bien encadrer les manifestants. Mais pour les jeunes qui affirment avoir fait le déplacement des villes et wilayas limitrophes, se regrouper devant le siège de l’APC d'Ouargla est déjà un événement important. Pour certains, c’est plutôt une rencontre festive, d’ambiance. Une ambiance qui fait défaut dans ces régions désertiques. Globalement, les manifestants estiment que l’essentiel est de faire passer le message aux plus hautes autorités et leur expliquer le but recherché par leur action qui «n’est autre que d’avoir accès au marché du travail sans discrimination». Après plus de 6 heures de regroupement sous un soleil de plomb, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Cependant, certains d’entre eux ont voulu investir encore plus longtemps les lieux, refusant de suivre l’appel des organisateurs. Aux environs de 16h, l’avenue de l’ALN, théâtre de cette manifestation, est retournée à sa routine quotidienne. Bien que loin de leur objectif de rassembler des centaines de milliers de personnes, les organisateurs se disent satisfaits de ce résultat. Les manifestants, quant à eux, espèrent qu’ils n’auront plus besoin de recourir à d’autres actions de protestation pour se faire entendre.
S. Baker
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