Guerre au Mali : Hollande multiplie les limogeages
Au Mali, les choses n’avancent pas comme les politiques et les médias français tentent de le faire croire à l’opinion publique. Loin du triomphalisme béat de François Hollande et de son ministre des Affaires étrangères, les premiers couacs commencent à apparaître et dénotent un certain embrouillement dans la gestion de cette intervention militaire. A moins d’un mois de la date annoncée par Laurent Fabius pour le retrait des troupes françaises qui devraient, selon lui, laisser la relève à une force internationale sous l’égide de l’ONU. D’où la nécessité de procéder à des changements brusques. Ainsi, on apprend que Christian Rouyer, qui occupait depuis mars 2011 le poste d’ambassadeur de France au Mali, vient d’être remplacé par Gilles Huberson, diplomate saint-cyrien et présenté comme proche des services des renseignements. Cette nomination inattendue intervient après la mise à l’écart, ces dernières semaines, de plusieurs hauts diplomates en charge du dossier malien. Dernière victime en date, le sous-directeur en charge de l’Afrique de l’Ouest, Laurent Bigot, avait été démis de ses fonctions fin février. Peu avant, le représentant spécial pour le Sahel nommé en juin 2012, Jean-Félix Paganon, avait été écarté. Il serait sur le point d’être nommé ambassadeur de France au Sénégal. Par ailleurs, la presse malienne s'interroge sur certaines décisions qui restent inexpliquées et qui coïncident avec ce mouvement dans le corps diplomatique français, comme celle du limogeage du plus haut gradé touareg de l’armée malienne, «connu pour sa loyauté et son patriotisme», d’après les observateurs locaux, rappelé de la ville de Gao où il servait aux côtés du chef du commandement opérationnel. Cela ne peut s’expliquer que par l’exacerbation de la crise de confiance, dans une région où les forces maliennes s’adonnent, d’après des témoignages crédibles, à des exactions contre les communautés targuie et arabe, ce qui fait craindre des dissidences à l’intérieur de l’armée régulière, à un moment où Paris et les pays du voisinage tentent de convaincre la communauté targuie de se démarquer définitivement des groupes islamistes armés qui ont occupé le Nord-Mali et réussi à y faire régner leur ordre durant plus d’une année.
Karim B.
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