Cap sur le sud ?
Longtemps négligé, le sud du pays a fait irruption, depuis quelques semaines, au centre des préoccupations du gouvernement. Des informations officielles ont révélé que, dans cette région, l'Etat avait abandonné aux intérêts privés le recrutement, alors qu’il s’agit d’une question d'intérêt national particulièrement sensible, au sud sans doute plus qu’ailleurs. Cette mission stratégique a été cédée aux entreprises pétrolières, surtout étrangères. En fait, toutes les «externalités» qui pouvaient produire de l’emploi, et permettre de créer même des petites entreprises, ont été laissées au libre choix des entreprises pétrolières concernées. Une nouvelle rente était ainsi artificiellement produite au profit de tous sauf des populations des localités environnantes. Pis, au lieu de favoriser le plein emploi, la tendance à donner les «externalités» (transport, restauration, gardiennage, menus travaux …) à des opérateurs privés appelés sous-traitants a conduit à aggraver le chômage tout en creusant les inégalités salariales. Les jeunes ont particulièrement ressenti cette marginalisation, privés d’emplois alors que les opportunités d’embauche ne manquent pas, et donc contraints à grossir les rangs des trabendistes qui enrichissent les mafias locales, comme si leurs qualifications ne les rendaient aptes qu’à faire de la contrebande. Maintenant, les visites de ministres se succèdent dans toutes les parties de cet espace en apparence désertique et, à première vue, sans autre intérêt que les hydrocarbures qu’il recèle. Des réunions sont tenues quasiment sans discontinuer par les membres du gouvernement. Les promesses sont faites d’une amélioration rapide des conditions de vie et d’une réponse urgente aux revendications exprimées de longue date mais restées sans écho officiel. Objectif : rattraper le retard. S’agit-il d’une réelle prise conscience de l’urgence à agir pour développer le sud et répondre aux aspirations de ses habitants ?
Kamel Moulfi
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