Focus sur la Syrie : escalade terroriste et équilibre factice
Le rapprochement russo-américain sur la crise syrienne fait bouger l’échiquier politique international dans tous les sens. Chaque capitale tente ainsi de se positionner dans la perspective d’une solution qui se dessine et qui induirait un nouveau partage des zones d’influence au Moyen-Orient, semblable à celui qui suivit la Seconde Guerre mondiale, où les Etats-Unis et l’URSS ont convenu de disputer la région aux anciens empires britannique et français, qui s’étaient eux-mêmes partagé la région, au début du XXe siècle, selon le fameux accord secret Sykes-Picot. Aussi, la France et la Grande-Bretagne se démènent sur tous les fronts pour ne pas se voir exclues, d’abord en faisant de la surenchère pour livrer des armes à la rébellion syrienne, sans l’aval préalable de Washington ou de la communauté internationale, tout en gardant un pied dans les coulisses de la négociation, et, ensuite, en commençant à sélectionner les hommes qui devraient représenter leurs intérêts dans d’éventuels pourparlers avec le gouvernement syrien. Un expert arabe proche du dossier syrien, contacté par Algeriepatriotique, a qualifié la récente déclaration de John Kerry, appelant nommément le président syrien Bachar Al-Assad et l’opposition à s’asseoir autour de la table de négociation, de «camouflet pour la France et la Grande-Bretagne ainsi que pour la Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar». Pour lui, la sortie de Hollande et de Fabius, «appelant à armer l'opposition (comme si cela n'est pas déjà fait), est une façon de se positionner pour participer au futur "Yalta" américano-russe sur la Syrie». Mais la stratégie occidentale est – avant d’entamer le processus politique inéluctable après l’échec de la guerre secrète et du chaos intégriste alimenté par des alliés locaux et qui aura atteint son apogée avec l’assassinat de Cheikh Saïd Al-Bouti, jeudi, à l’intérieur d’une mosquée – d’affaiblir au maximum la Syrie, estime encore l’expert arabe, qui fait remarquer qu’une organisation humanitaire comme Amnesty international «n'est qu'un des outils de cette stratégie. Si elle fait semblant d'être "équilibrée" c'est qu'il y a un tournant à prendre».
R. Mahmoudi
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