Affaire Khalifa : mandat de dépôt pour les accusés
Les accusés dans l’affaire Khalifa risquent de se retrouver en prison avant même qu’ils ne passent devant la cour d’appel. Selon des sources sûres, le juge en charge de cette affaire aurait délivré des mandats de dépôt à l’encontre de l’ensemble des accusés qui sont en liberté. Des mandats qui doivent être exécutés avant le 2 avril, le jour de l’ouverture du procès en appel au niveau du tribunal criminel près de la cour d’appel de Blida. En tout et pour tout, 72 accusés et 300 témoins ont été convoqués. Selon toute vraisemblance, le procès en appel de cette grosse affaire d’escroquerie bancaire ne se déroulera pas comme en première instance. Non pas que le juge a changé, mais que la conjoncture, foncièrement marquée par les scandales de corruption, n’est plus la même. Notre source n’exclut pas que des personnes ou personnalités de premier rang – convoquées comme témoins – soient mises en examen. On se souvient qu’en première instance, plusieurs témoins avaient assumé en pleine audience – et comme par défi – les actes qui leur étaient reprochés. Mais cela n’avait aucunement entraîné de poursuites judiciaires à leur encontre. Beaucoup d’Algériens ont encore en mémoire la fameuse phrase de Mourad Medelci, ministre des Finances à l’époque des faits : «Je n’étais pas assez intelligent.» Nombreux sont également ceux qui se souviennent de la déclaration d’Abdelmadjid Sidi Saïd, patron de la Centrale syndicale : «J’assume !» affirmant de ce fait avoir lui-même mis l’argent de la Cnas dans les caisses de la banque Khalifa. D’autres noms pourraient être également convoqués lors de ce procès en appel qui promet bien des surprises, dont ceux de Abdelmadjid Tebboune, ministre de l’Habitat, et de Abdeslem Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie, actuellement député RND. Ces deux personnalités risquent de passer devant la justice pour notamment «complicité dans la dilapidation de biens publics». En tout cas, il s’agit d’un premier test pour le gouvernement après les scandales de corruption qui ont ébranlé l’entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach et d’autres institutions. C’est à travers ce procès que l’Etat semble vouloir démontrer sa volonté de lutter implacablement contre la corruption qui gangrène l’économie nationale. Les témoins ont déjà été rendus destinataires de convocations. Cinquante parties civiles sont concernées par le procès qui sera présidé par le magistrat Antar Menouar. Le principal accusé est toujours en fuite à Londres. Neuf autres accusés seront également jugés par contumace. Les accusés seront jugés pour les mêmes chefs d’inculpation, à savoir association de malfaiteurs, escroquerie, abus de confiance et faux et usage de faux. L’affaire de la caisse principale de Khalifa Bank a été jugée en 2007 en première instance. Elle avait commencé par la découverte par la banque d’Algérie d’un trou financier de 3 milliards de dollars au niveau de la caisse principale de cette banque privée.
Sonia B.
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