Crise syrienne : les islamistes algériens demandent au gouvernement des «explications»
Les partis islamistes algériens ont choisi un moment propice, la tenue du Sommet arabe à Doha, pour monter au créneau et exprimer ouvertement leur soutien à l’opposition armée islamiste en Syrie. Deux partis légaux, le mouvement Ennahda et le MSP, ont organisé une rencontre à Alger, à l’occasion de deuxième anniversaire du déclenchement des événements en Syrie, à laquelle ont été conviés des représentants de l’opposition islamiste syrienne, pour demander, d’entrée de jeu, au gouvernement algérien «d’assumer ses responsabilités historiques vis-à-vis du peuple syrien». Le secrétaire général d’Ennahda, Fateh Rebaï, qualifie la position algérienne sur la question syrienne de «laxiste» et de «honteuse». Il considère que l’octroi du siège de la République arabe de Syrie au Conseil national syrien (représentant la rébellion), décidé par le Sommet arabe de Doha, est «une décision tardive», et appelle à «intensifier les aides multiples à la rébellion pour renverser le régime en place». Fateh Rebaï pousse l’outrecuidance jusqu’à demander aux responsables de justifier leur position et à l’Etat algérien d’expulser l’ambassadeur syrien à Alger afin de «permettre aux forces légitimes de représenter le peuple syrien» ; il demande aussi d’acheminer des aides directes aux milices armées en Syrie, autrement dit sans passer par le Croissant-Rouge syrien. L’islamiste algérien reprend à son compte la rengaine en vogue, celle qui accuse le régime syrien d’être derrière l’assassinat de Cheikh Saïd Al-Bouti. Lors de cette rencontre, le chef du MSP, Bouguerra Soltani, est intervenu pour qualifier ce forum de «victoire pour la résistance syrienne» et dénoncer, lui aussi dans les mêmes termes, la position algérienne au sein de la Ligue arabe, en demandant des explications au gouvernement. Tahar Benbaïbèche, président du parti El-Fadjr al-djadid (pseudo-nationaliste) lui emboîte le pas pour tomber à bras raccourcis sur le gouvernement algérien et sa position vis-à-vis de la crise syrienne, selon lui «indigne de la révolution du 1er novembre 1954». Plus cynique et zélée encore a été l’intervention du journaliste chroniqueur Abdelali Rezagui, qui a déclaré que s’il était âgé de moins de 30 ans, il aurait pris les armes «pour défendre la Syrie».
Karim B.
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