Que vont faire les familles des disparus dans un forum essentiellement économique ?
Le Forum social mondial, qui se tient en ce moment à Tunis, a pour orientation principale, selon sa charte de principes, l’opposition «au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d'impérialisme». Son objectif : «bâtir une société planétaire axée sur l'être humain». Le principe 4 de sa charte (voir : site FSM) ne comporte pas d’ambigüité sur ses buts : «Les alternatives proposées au Forum social mondial s'opposent à un processus de mondialisation capitaliste commandé par les grands entreprises multinationales et les gouvernements et institutions internationales au service de leurs intérêts. Elles visent à faire prévaloir, comme nouvelle étape de l'histoire du monde, une mondialisation solidaire qui respecte les droits universels de l'homme, ceux de tous les citoyens et citoyennes de toutes les nations, et l'environnement, étape soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de l’égalité et de la souveraineté des peuples.» On comprend aisément que des syndicalistes et des membres d’organisations de chômeurs, premières victimes du système économique néo-libéral mondial dénoncé par le FSM, soient présents à Tunis, les militants d’organisations des droits de l’Homme, aussi, à la limite, mais que vont faire les familles des disparus dans ce forum essentiellement économique ? Y a-t-il une volonté d’infiltrer le FSM dans le but de le détourner de sa vocation anticapitaliste en le jetant dans les méandres du «printemps arabe», pour l’amener finalement à servir une stratégie contraire à la sienne, la stratégie des pays occidentaux qui vise à maintenir leurs intérêts et privilèges dans la région ? L’affaire des bus de transport refoulés à la frontière algéro-tunisienne pour défaut de papiers n’aurait eu aucune signification en rapport avec la liberté de circulation, si les personnes qui se trouvaient dans ces bus avaient été de simples passagers. Personne n’en aurait parlé et tout le monde aurait estimé normal qu’un pays – même s’il s’appelle Algérie – soit en droit d’appliquer sa réglementation en un point de sortie de son territoire. Pour faire franchir la frontière à un bus, il y a une procédure douanière réglementaire à suivre. Cette obligation légale décidée par un pays souverain n’a pas été respectée par la délégation qui voulait se rendre au Forum social mondial de Tunis. Les organisateurs de ce déplacement n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes. D’autres Algériens ont participé à cette grande rencontre des altermondialistes sans qu’une autorité ne songe à les empêcher d’y aller. A moins que les «activistes» des droits de l’Homme se considèrent dispensés des obligations légales ou qu’ils pensent que la frontière algéro-tunisienne est une zone de non-droit, du moins côté algérien, alors que, justement dans le contexte actuel d’incursions terroristes dans les deux sens, elle est plus surveillée que jamais.
Karim Bouali
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