Blague atomique
Le président français ne semble pas avoir cure de sa dégringolade dans les sondages, pour savoir par exemple si sa politique extérieure «agressive» n’entame pas davantage l’image de la France d’aujourd’hui, un peu trop engluée dans des marécages qu’elle a, à vrai dire, elle-même provoqués. Lors de son passage sur France 2 jeudi dernier, pour une sorte de bilan des dix premiers mois, Hollande a évoqué «forcé» le sujet du budget de la défense qui a suscité de fortes inquiétudes dans la classe politique mais aussi chez les investisseurs, avec les restrictions draconiennes prévues sur les effectifs et l’acquisition de nouveaux équipements, et toutes les retombées néfastes sur l’industrie de l’armement en France. Surprise, la crise n’a pas l’air de toucher l’industrie nucléaire. «La France, s’enorgueillit Hollande, est fière de son arme atomique. Non seulement elle maintiendra son programme nucléaire, mais elle œuvrera à l'améliorer.» D’où va-t-il pomper les ressources pour continuer à financer un tel programme ? C’est un débat qui, en apparence, n’intéresse que les Français. Or, vu de l’extérieur, ce qui intrigue le plus dans cette déclaration, c’est cette obstination chez les Français – et plus généralement chez les Occidentaux – à renforcer et perfectionner leur arsenal nucléaire au moment où se pose à nouveau la volonté de puissance chez les Nord-Coréens et les Iraniens, à qui on veut interdire jusqu’au droit d’y aspirer, sous le prétexte qu’entre les mains de ces deux pays réfractaires à l’ordre mondial actuel, cette arme serait une menace pour l’humanité. Autrement dit, la communauté internationale devrait sauter de joie de savoir que la France veille à améliorer son arme atomique pour que la destruction de la planète ne vienne pas de l’est mais de l’ouest. C’est à en perdre le nord.
R. Mahmoudi
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