Un lord britannique raconte comment les services secrets de son pays ont assassiné Patrice Lumumba
L’implication des services secrets de pays occidentaux dans les assassinats de dirigeants politiques qui dérangent leurs intérêts économiques et géostratégiques est très ancienne. David Edward Lea, un lord, vient de jeter un gros pavé dans cette mare sanglante, par son témoignage accusant le service de renseignement britannique MI6 d’avoir trempé dans l'assassinat du premier Premier ministre du Congo indépendant, Patrice Emery Lumumba, en janvier 1961. Edward Lea fait état d'une conversation avec l'ex-première secrétaire de l'ambassade britannique à Léopoldville (actuellement Kinshasa), de 1959 à 1961, Daphne Park – une fonction liée à celle de poste du MI6 au Congo durant cette période entourant l'indépendance chaotique de l'ex-colonie belge. Selon Lord Lea, l'ancienne diplomate-espionne a expliqué que si l'Occident n'intervenait pas, Lumumba aurait remis les riches ressources minérales du Congo «aux Russes». «Nous avions quelque chose à voir avec l'enlèvement de Patrice Lumumba. Je l'ai organisé», a affirmé Mme Park à ce parlementaire avec lequel elle prenait le thé. Cet aveu tardif ne fait que conforter la thèse de l’intervention, de plus en plus grossière et flagrante, des services secrets occidentaux dans les troubles qui agitent, depuis quelques années, maintenant, les pays de notre région, en particulier en Libye, en Syrie, au Mali… On a vu l’acharnement avec lequel a été conduite l’élimination de Kadhafi, dans des conditions absolument indignes de gens civilisés. Le 20 octobre 2011, c’est un agent des services secrets français et non pas un «rebelle» libyen qui aurait tiré le coup de feu qui a causé la mort de Kadhafi, en plus du rôle décisif joué par l’action combinée des services occidentaux, notamment américains et britanniques, pour arriver à le capturer. Comme Lumumba, 50 ans avant, Kadhafi contrariait les intérêts économiques de ces pays, il fallait le tuer, les services secrets occidentaux s’en sont chargés. La subversion qui a déstabilisé depuis la Libye a été prolongée au Sahel, riche en ressources minières et énergétiques, avec un point de fixation au nord du Mali. Les agents des services occidentaux sont présents derrière ce qui se passe aujourd’hui en Syrie, pour provoquer la chute du président Bachar Al-Assad. Pour les mêmes raisons qu’il y a cinquante ans, au plus fort de la guerre froide, quand la CIA a commencé ses tentatives, heureusement vaines, d’assassiner le dirigeant cubain Fidel Castro. Plus personne maintenant ne doute que l'ombre des services secrets occidentaux plane sur tous les coups tordus qui empoisonnent la vie des populations un peu partout.
Karim Bouali
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