Comment Fabius s’est retrouvé hors jeu sur la Syrie
Le trublion ministre français des Affaire étrangères, qui s’était lancé, durant tout le mois de mars dernier, dans une folle campagne pour obtenir la levée de l’embargo sur la livraison d’armes au profit des rebelles syriens, s’est subitement tu, depuis que le président François Hollande a annoncé, le 28 mars dernier, dans une allocution officielle, ses réserves qui s’apparentaient à un refus diplomatique du plan présenté par Laurent Fabius pour fournir des armes aux rebelles syriens. «Nous ne le ferons pas, a dit Hollande, tant que nous n'aurons pas la certitude qu'il y a un contrôle total par l'opposition de la situation», avant de préciser que «pour l'instant, nous ne l'avons pas». Qu’est-ce qui a donc poussé le gouvernement français à changer d’attitude en si peu de temps ? Le journal satirique parisien Le Canard Enchaîné, réputé proche des services de renseignement français, a, dans son édition de mercredi 3 avril, révélé que des rapports de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) sur l’évolution de la situation en Syrie étaient à l’origine de la décision prise par Paris de ne plus réclamer la levée de l’embargo sur les livraisons d’armes aux milices en guerre contre l’armée syrienne, même si, clandestinement, les services français n’ont jamais cessé d’apporter des aides logistiques et des renseignements aux groupes armés syriens. L’hebdomadaire affirme que la DGSE aurait averti le gouvernement français qu’une partie des armes que Paris s’attachait à envoyer en Syrie «pourrait tomber entre les mains des djihadistes», rappelant ainsi l’existence de «réseaux internationaux qui fournissaient des radicaux pour participer aux combats». Selon les informations recueillies par les services français, le nombre d’extrémistes étrangers présents sur le sol syrien aujourd’hui dépasserait le nombre d’étrangers ayant combattu l’armée soviétique en Afghanistan dans les années 1980. D’après ces rapports, le nombre de djihadistes en Syrie s’élèverait à 8 000, dont 1 500 étrangers. Il s’agit essentiellement de volontaires arabes qui combattent dans les rangs du «Front de la Nosrah», allié de «l’Armée syrienne libre». Les mêmes rapports font également état de la présence, au sein de ces groupes armés, de centaines de mercenaires venus de Grande-Bretagne, de France, de Hollande, de Belgique, d’Allemagne et d’Espagne. Plusieurs services de renseignement européens, à l’image de ceux d’Allemagne et des Pays-Bas, avaient prévenu contre le danger de ces djihadistes pour la sécurité des Européens eux-mêmes, à leur retour du front.
R. Mahmoudi
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