Justice sans verdict
Les affaires de corruption et de détournement envahissent l’espace public, et les juges algériens semblent ces jours-ci débordés par les piles de dossiers qu’ils sont appelés à traiter ou à réviser, c’est selon : affaire Sonatrach 2, affaire El-Khalifa Bank, des scandales moins médiatisés, mais non moins scabreux… Mais à l’arrivée, si peu de verdicts, si peu de décisions, voire aucune, alors qu’on nous a promis que l’Etat «n’hésitera pas à demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi, tout en veillant à recouvrer les droits spoliés» (Bouteflika, discours du 24 février). On a même l’impression que les juges sont devenus encore plus frileux, voire plus indécis, car sentant sans doute plus le poids de la responsabilité dans une conjoncture marquée par l’incertitude et le manque de perspectives politiques. De report en report, un procès comme celui d’El-Khalifa Bank finit par lasser les Algériens et leur faire perdre totalement confiance dans leurs institutions. A suivre la célérité avec laquelle dans certains pays des affaires de malversation, nettement moins préjudiciables à la collectivité, sont prises en main par les juges, mais aussi par les plus hautes autorités – on pense à l’affaire Cahuzac, en France –, on sent tout le retard qui nous reste à rattraper en matière de transparence, de justice et de démocratie.
R. Mahmoudi
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