Djezzy : l’Algérie va-t-elle s’associer à un Israélien ?
Ce qui se trame dans l’affaire Djezzy est grave. Désormais, ce n’est plus de l’évaluation de la société qu’il est question, mais d’une opération de rachat des actions d’Orascom par le milliardaire Mikhaïl Fridman. Or, si cette transaction venait à se concrétiser, l’Algérie se retrouverait devant un fait accompli. Elle pourrait s’associer à un ressortissant de nationalité israélienne. Dans ce cas, préconisent des spécialistes interrogés par Algeriepatriotique, deux choix s’imposent : soit l’Algérie nationalise Djezzy à 100%, soit elle ferme définitivement cette filiale du groupe Orascom. La société Altimo du milliardaire Mikhaïl Fridman a offert de racheter les parts des investisseurs d’Orascom Telecom Holding, maison mère d’Orascom Telecom Algérie, propriétaire de Djezzy. Mikhaïl Fridman, qui porte la double nationalité russe et israélienne, a pris cette décision après avoir vendu son groupe pétrolier Alfa pour la coquette somme de 14 milliards de dollars, nous apprend le groupe financier américain Bloomberg, spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers et dans l'information économique. Altimo, une filiale du groupe Alfa de Mikhaïl Fridman qui détient des intérêts indirects dans Orascom, a offert à Naguib Sawiris de racheter l’action à 70 cents, évaluant la société à 3,67 milliards de dollars, selon une source autorisée égyptienne qui précise que cette valeur est de 8% supérieure au prix de clôture au Caire avant cette annonce faite le 31 mars dernier. «C’est le moment opportun d’acheter les actions d’Orascom, avant que les prix n’augmentent une fois qu’un accord aura été trouvé avec le gouvernement algérien», a indiqué à Bloomberg Anna Kurbatova, analyste dans un groupe financier russe. «Avec 27 milliards de dettes, VimpelCom ne peut pas se permettre d’acheter les participations minoritaires d’Orascom seul, alors que le groupe Alfa vient juste d’obtenir 14 milliards de dollars de la vente de sa société pétrolière TNK-BP», explique l’analyste russe. Du côté de VimpelCom, on se refuse à tout commentaire. Les responsables de cette compagnie basée à Amsterdam ont préféré garder le silence sur cette offre. Même silence du côté d’Altimo de Mikhaïl Fridman. Au Caire, les analystes affirment qu’ils s’attendaient à ce qu’Orascom vende ses parts, mais «le prix est trop bas». L’Algérie se retrouve ainsi indirectement mêlée à une transaction impliquant un homme d’affaires étranger dont la nationalité risque de fausser tout le processus de rachat de Djezzy par le gouvernement, l’Algérie n’entretenant pas de relations officielles avec l’Etat hébreu. Si Naguib Sawiris venait à céder ses parts à Mikhaïl Fridman, le gouvernement algérien n’aura pas d’autre solution que de racheter la totalité de Djezzy ou de dissoudre cette filiale aux pratiques douteuses et véritable casse-tête depuis son implantation en Algérie.
M. Aït Amara
Comment (25)