Cahuzac et nous
Se sentant scandalisé par l’affaire Cahuzac, tout l’establishment français s’est soulevé comme poussé par un sursaut de conscience, parce qu’ayant peur de ne pas pouvoir s’en sortir. Aucune décision ne semble suffire pour laver l’affront que leur a fait cet ancien secrétaire d’Etat au budget, qui est censé surveiller lui-même les fraudes fiscales : expulsion définitive des rangs du Parti socialiste, sermon officiel du chef de l’Etat, vindicte publique à laquelle les médias viennent se joindre avec plaisir, espérant voir s’ouvrir la «boîte de Pandore», ce qui les amène à fouiller dans tous les comptes offshore et à soupçonner d’autres membres du gouvernement. La crise est telle que François Hollande envisage de procéder à un remaniement de l’Exécutif dans les prochaines heures, pour essayer d’effacer au plus vite cette «honte» qui risque de lui nuire politiquement, alors qu’il peine à monter dans les sondages. Vu de chez nous, un tel scandale n’aurait tout simplement pas de sens. Des révélations comme celle de Mediapart n’auraient eu aucun impact, et un ministre comme Cahuzac n’aurait absolument rien à craindre. En l’absence de contrepouvoirs réels et de pouvoir sérieux, une succession de scandales nettement plus graves et autrement plus préjudiciables à l’économie et à l’image du pays n’ont suscité aucune réaction concrète, en dehors des discours moralisants qui ne font qu’ajouter à la crise de confiance qui règne dans le pays entre les citoyens et leurs dirigeants. Aucune décision forte qui puisse réhabiliter les organes de contrôle dans notre pays, hormis quelques interpellations visant des personnes dont tout le monde sait qu’elles ne sont que des lampistes.
R. Mahmoudi
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