Le diplomate espion
La France a-t-elle nommé un espion à la tête de son ambassade à Alger en 2006, ou a-t-elle plutôt désigné un diplomate à la tête de ses services d’espionnage hier à Paris ? Quoi qu’il en soit, la nomination de Bernard Bajolet à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) est en parfaite harmonie avec la situation géopolitique actuelle. Engagée dans sa guerre au Mali, la France avait besoin d’une personnalité qui a forgé l’essentiel de sa carrière dans des zones en guerre ou en proie au terrorisme islamiste. Or, la région du Sahel est devenue pour la France un terrain d’opérations où le renseignement est l’arme absolue. Espion, certes, Bernard Bajolet n’avait pas moins tenté, durant les deux années qu’il a passées en Algérie, de rapprocher les visions algérienne et française sur les questions directement liées à la sécurité des deux pays. L’Algérie a, depuis le début de la violence islamiste armée, reproché à la France d’héberger les terroristes du FIS et de mener une campagne acharnée contre l’armée algérienne qu’elle avait privée d’armes suite à l’embargo imposé par la «communauté internationale» sur instigation de Paris. De son côté, la France n’a pas digéré l’entêtement d’Alger à ne jamais accepter une intervention étrangère sur son territoire et à rejeter toute ingérence dans ses affaires internes, refusant ainsi toute internationalisation de sa crise. Après l’opération réussie de destruction de la Libye, et celle en cours visant à démembrer le Syrie, la France veut, à travers cette nomination, envoyer un signal sur son changement de cap vis-à-vis de l’Algérie dont elle connaît les capacités à gérer le très complexe dossier du terrorisme. Laurent Fabius l’a encore une fois reconnu hier sur Al Jazeera.
M. Aït Amara
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