Le retard de la 3G fait perdre à l’Algérie 2 milliards de dollars
Des spécialistes des TIC ont été unanimes, au cours d’un débat organisé par la chaîne de télévision Al-Djazaïria, à déplorer le retard pris par l’Algérie dans l’introduction de la téléphonie mobile de troisième génération (3G), à un moment où des pays beaucoup moins nantis, comme la Mauritanie, le Bénin et la Somalie, l’ont lancée depuis des lustres. Younès Grar, spécialiste des TIC, s’est même montré choqué qu’on puisse encore parler de la 3G en 2013 dans notre pays. Ali Kahlane, représentant de l’association des fournisseurs privés d’internet, s’est pour sa part interrogé sur les raisons qui empêchent les autorités algériennes, neuf ans après l’introduction de la téléphonie mobile dans le pays, de lancer cette technologie qui ne sera, d’après lui, que bénéfique pour l’économie. Younès Grar répond à ce propos que cette méfiance à l’égard de la 3G est à mettre sur le compte du conflit de générations. «Il existe bien un conflit de générations. Les personnes âgées qui sont aux commandes développent un complexe d’infériorité quand ils voient l’essor que prennent les nouvelles technologies chez nos jeunes», relève-t-il. Il note, cependant, que la volonté politique existe quant au choix d’aller vers cette technologie, sauf, dit-il, «s’il y’a une mise en scène» de la part de nos responsables. Un avis que partagent Farid Ferrah, universitaire spécialiste des TIC, et Abdelkader Benkhaled, membre de l’Académie numérique internationale, qui estime que le problème ne serait pas au niveau de la volonté politique. M. Benkhaled pense que la donne sécuritaire est pour beaucoup dans cet attentisme quant à l’introduction de la 3G. «Soit ils ont peur, soit ils sont complètement déconnectés de ce qui se passe dans le monde», finit-il d’ailleurs par lâcher. «Onze chefs de gouvernement et Premier ministres sont passés, et on n’entrevoit même pas l’arrivée de la 3G. En 2005, l’ancien ministre Boudjemaâ Haïchour avait promis son lancement en 2007. Nous sommes en 2013 et toujours rien», constate-t-il, estimant les pertes dues à la non-introduction de la 3G à quelque 2 milliards de dollars. Ali Kahlane estime, enfin, que la 3G n’est pas pour demain en Algérie car, explique-t-il, «cela provoquerait la mort certaine d’Algérie Télécom». Et, d’après lui, c’est cela qui fait le plus peur à nos autorités. Farid Ferrah a, par ailleurs, révélé qu’au moment où chez nous on continue de débattre de l’opportunité ou non de lancer la 3G, le Maroc s’apprête, lui, à se doter de la 4G dès la fin juin prochain. Le Forum économique mondial vient de confirmer, d’ailleurs, dans son rapport 2013 consacré aux technologies de l’information et de la communication, cette peu reluisante place qu’occupe l’Algérie dans ce domaine. Sur 144 pays, notre pays continue de s’enliser dans les bas fonds du classement mondial en occupant le 131e rang, aux côtés de la Libye, le Lesotho, le Swaziland, le Yémen, le Tchad et d’autres pays sans grandes ressources. L’Algérie est même devancée dans ce classement par des pays comme l’Ouganda, la Namibie, le Bangladesh, le Suriname, le Mali et l’Ethiopie, pour ne citer que ceux-là.
Amine Sadek
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