Frédéric Bardeau décortique pour Algeriepatriotique le mouvement des pirates informatiques Anonymous
Contacté par Algeriepatriotique, Frédéric Bardeau, analyste de la cyberculture, des réseaux sociaux et des stratégies militantes, précise que l’acte de piraterie informatique, qui est passé du simple jeu à la véritable menace au point de devenir une puissance numérique, «est une forme d’expression numérique de la société civile mondiale, mais elle est hétérogène, non centralisée et sans cohérence politique». Le co-auteur du livre Anonymous : pirates ou altermondialistes ? Peuvent-ils changer le monde ? estime que personne ne peut dire avec certitude si le récent piratage du système informatique israélien est réellement une opération spectaculaire ou un flop. A la question de savoir si, devant ces effets spectaculaires qu’arrivent à produire les hackers, ces derniers peuvent déstabiliser un Etat en s’attaquant à son système informatique, Frédéric Bardeau souligne que cela «n’est jamais arrivé, sauf dans des cas où c’étaient des hackers d’Etat, comme en Estonie». Qui déclenche les attaques ? Comment ce mouvement est-il organisé, dans ce cas ? Notre interlocuteur précise qu’il s’agit d’individualités dans des lieux ou des espaces fréquentés par les Anonymous (IRC) : «Ils prennent des initiatives, lancent des opérations et sont rejoints – ou pas – par d’autres Anonymous», explique-t-il. Pour Frédéric Bardeau, que des internautes usurpent ce nom pour poster des commentaires sur des forums en simulant leur appartenance à ce mouvement bien que leurs idées soient antinomiques est à la fois «l’avantage d’Anonymous et son principal inconvénient» : «C’est vrai depuis toujours et ça n’a pas empêché Anonymous de se développer», relativise ce diplômé en intelligence économique, qui dit ne pas avoir plus d’éléments d’information sur une éventuelle future attaque visant le Qatar que ce qui circule sur la Toile. Frédéric Bardeau précise que «la plupart des hackers et des hacktivistes finissent par faire des erreurs et beaucoup sont retrouvés». Il cite l’exemple de LulzSec, Anonymous ayant attaqué PayPal. Interrogé sur le fait que ce mouvement revendique la liberté d’expression et divulgue des informations confidentielles tout en maintenant l’identité de ses animateurs secrète, le fondateur de l’agence Limite note que «c’est une des contradictions du mouvement» et qu’il y en a plein d’autres : «Le DDOS consiste à saturer un site web pour le rendre indisponible et c’est là aussi une forme de limitation de liberté d’expression des autres, donc une contradiction. Mais Anonymous ne revendique pas la cohérence», relève, en effet, Frédéric Bardeau.
Mohamed El-Ghazi
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