En finir avec la monarchie
La fin des monarchies viendra-t-elle de Madrid ? Ce qui se passe dans la capitale espagnole donne toutes les raisons de le penser. La contestation du roi n’étant pas taboue en Espagne – on y brûle ses effigies –, il y avait du monde dans la rue ce dimanche à Madrid pour exiger que la monarchie disparaisse du décor institutionnel. Pour les Espagnols, il ne s’agit pas d’une revendication extravagante. Il y a eu un précédent pas très loin dans leur histoire, quand les républicains chassèrent le roi en 1931. Mais ils furent malheureusement défaits par Franco en 1939. La restauration de la monarchie n’était plus alors qu’une question de temps. Le Caudillo, comme on l’appelait, rouvrit en 1969 la porte au retour du roi. La restauration se fera en 1975, à la mort de Franco. Aujourd’hui, l’Espagne est en proie à une crise dont personne ne voit la fin dans le cadre de son système économique actuel et sa population «indignée» ne cesse de manifester pour des revendications sociales qui ébranlent les fondements mêmes de ce système. Dans un tel contexte, la monarchie apparaît comme une excentricité dont le pays peut se passer d’autant plus que les scandales qui l’éclaboussent se sont multipliés en une année. Le plus indécent a été cette coûteuse partie de chasse à l’éléphant, au Bostwana, au cours de laquelle le roi s'était cassé la hanche, alors que le chômage battait des records en Espagne. Puis, récemment, la corruption dans la cour. Résultat : la majorité des Espagnols ne veulent plus du roi. Finalement, la monarchie espagnole est bien le maillon faible dans le monde des familles royales qui règnent encore. Malgré des nuances trompeuses, les monarchies sont partout les mêmes, qu’elles se trouvent au sud ou au nord de la planète, au Golfe ou au Maghreb, en Europe ou en Asie. Elles deviennent de plus en plus archaïques et cet archaïsme saute aux yeux. Mais il n’y a pas partout les mêmes conditions qu’en Espagne pour que la contestation s’en prenne directement au roi. Dans les royaumes arabes, les aspirations au changement «révolutionnaire» ont épargné les rois et les émirs, comme une sorte de ligne rouge à ne pas dépasser. Là aussi, c’est certainement une question de temps. L’avenir est à la République.
Kamel Moulfi
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