Guerre en Syrie : les arguments peu convaincants du Quai d’Orsay
Le ministère français des Affaires étrangères s’obstine à continuer à voir dans la prépondérance prise par les islamistes dans les actions armées en Syrie «un des objectifs manifestes de Bachar Al-Assad». Le président syrien voudrait, selon la thèse française – qui n’a rien d’original, en fait – «apparaître comme le dernier rempart contre ces organisations djihadistes, dont Al-Nosra». La France ne tombera pas dans ce «piège», affirment les diplomates français, sans que l’on sache ce que cela signifie. On sent la France gênée dans l'affaire syrienne. Elle tente des explications, mais plus elle parle, plus elle s'enlise. La solution qui consiste à chaque fois à dire que même la montée du terrorisme arrange Damas est trop facile. En même temps, c’est une démarche qui part d’une sous-estimation dangereuse des conséquences de la position française et celle des autres pays occidentaux qui, dans les faits, renforcent le terrorisme en Syrie et aident les groupes armés islamistes à étendre leurs actions dans d’autres pays. «Nous savons que plus les violences se poursuivent sur place en Syrie et plus il y a un risque de radicalisation, c’est-à-dire de montée en puissance de certains groupes radicaux, aux nombres desquels Al-Nosra.» C’est ce que reconnaît le porte-parole du Quai d’Orsay. Alors pourquoi encourager le regain de violences en faisant parvenir des armes aux groupes terroristes, via le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite ? Visiblement, rien ne presse : «Nous étudions aujourd’hui les mesures que nous pourrions prendre visant Al-Nosra dans le cadre plus général de la lutte contre le terrorisme», déclare-t-on au Quai d’Orsay. Les faits sont têtus mais l’entêtement des pays occidentaux à faire tomber le gouvernement syrien semble plus fort et les empêche de voir la réalité en face. Le chef d’Al-Qaïda en Irak a rendu publics, mardi dernier, les liens de l’organisation terroriste avec le groupe syrien du Front Al-Nosra. En retour, le chef du Front Al-Nosra a voué allégeance au chef de l’organisation et successeur d’Oussama Ben Laden, Ayman Al-Zawahiri. Le 7 avril, ce dernier avait appelé au djihad en Syrie. Le Front Al-Nosra n’a jamais nié son implication dans les attentats terroristes meurtriers qui ont frappé en premier lieu la population syrienne. Le gouvernement syrien a alerté à plusieurs reprises les instances de l’ONU sur les actions de ce groupe armé. Mais sous prétexte de ne pas donner raison à Bachar Al-Assad, le Conseil de sécurité sous la pression des pays occidentaux refuse de condamner les actes terroristes commis en Syrie. Tout cela s'appelle «jouer avec le feu». Or, l’expérience a montré que le retour de flamme dans ces situations est inévitable et peut être désastreux pour les pays occidentaux.
Karim Bouali
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