Des médecins américains de retour de Syrie témoignent
Frustrée par les nouvelles de la crise humanitaire syrienne, Liza Hoover, une infirmière en pédiatrie de Seabrook Island, Caroline du Sud, a décidé de mettre à profit sa formation médicale et d’agir. Après avoir passé quelques coups de téléphone elle est tombée par hasard sur la «Syrian American Medical Society» (la société médicale syrienne d’Amérique, SAMS) et a passé la majorité du mois de janvier comme volontaire dans un hôpital de campagne dans le nord-est de la Syrie. L’expérience s’est révélée si gratifiante qu’elle y retourne la semaine prochaine. En 2012, SAMS a lancé la campagne «Save Syrian Lives Campaign» (Sauvons des vies syriennes) afin d’apporter une aide médicale directement aux Syriens affectés par le conflit, indépendamment de leur appartenance politique, ethnique ou religieuse. Grâce à un réseau de personnel médical volontaire, SAMS est déjà parvenu à établir sur le terrain 11 hôpitaux et à soutenir 25 autres centres médicaux situés dans des régions affectées par le conflit en Syrie.
«Il y a en Syrie un énorme besoin de personnel médical qualifié, suite au départ forcé dû au conflit de plus de 50%des docteurs», déclare le Dr Mohammed Zaher Sahloul, président de SAMS. «Nous avons envoyé là-bas essentiellement des médecins américano-syriens, mais nous avons reçu beaucoup de demandes de la part d’autres médecins qui souhaitent se porter volontaires.» A ce jour, SAMS a envoyé plus de 120 médecins volontaires en Syrie, Turquie et Jordanie afin d’y traiter des patients. L’un de ces médecins est le Dr Joseph Byrnes, un anesthésiste et un médecin militaire de Shreveport en Louisiane. Joseph Byrnes souhaitait passer ses vacances dans un endroit où ses compétences pourraient être utiles afin d’aider ceux dans le besoin. Après trois semaines, il était en route pour la Syrie. Les familles respectives de Liza Hoover et de Joseph Byrnes étaient bien entendu préoccupées à l’idée de les voir travailler en zone de guerre, mais il était évident que c’était là quelque chose qui leur tenait vraiment à cœur et qu’ils souhaitaient accomplir. «Les Syriens prendront soin de moi», disait Joseph Byrnes, lors de son départ pour son cinquième déploiement, afin de rassurer sa famille. Les parents âgés de Liza Hoover et ses filles encore jeunes avaient également du souci, mais Liza a trouvé que c’était plus facile la deuxième fois.
«Je n’étais pas naïve», déclare Liza Hoover. «Nous pouvions entendre les bombes au quotidien – parfois au loin et parfois plus proche de là où nous étions. Mais de façon générale, je me sentais en sécurité et chérie par ma seconde famille que j’ai trouvée dans ce pays.»
Liza Hoover fait référence à sa famille d’accueil en Syrie comme à sa seconde famille car elle s’y est sentie tellement bien accueillie et appréciée. Comme elle ne parlait pas arabe, ils ont communiqué à l’aide de charades, ce qui était souvent comique. «Lorsque vous vous sentez apprécié, invité pour le café ou un repas et que vous êtes inclus dans la vie de quelqu’un, vous vous sentez en famille.» L’hôpital dans lequel ils ont tous deux servi soignait tous ceux passant sa porte, jour et nuit. Joseph Byrnes et Liza Hoover ont pris soin d’enfants et d’adultes, beaucoup d’entre eux victimes d’accidents de la route et d’éclats d’obus résultant des bombardements proches. Bien que les médicaments et le matériel à disposition aient été différents de ceux auxquels ils étaient habitués aux Etats-Unis, Liza Hoover et Joseph Byrnes étaient impressionnés par la quantité de choses qu’ils étaient en mesure d’accomplir avec les ressources à disposition – en particulier l’accès limité au courant électrique. Chaque litre de pétrole était utilisé parcimonieusement pour alimenter les générateurs.
Toutefois, Liza Hoover craint qu’avec l’augmentation de la température et l’entassement des immondices, les infections puissent se répandre plus rapidement. Elle est aussi concernée par les coupures de courant électrique et un accès limité à des réfrigérateurs qui rendent la conservation des vaccins et des médicaments délicate.
«Nous travaillons avec les autorités médicales locales afin de résoudre quelques-uns des problèmes de santé publique et des maladies véhiculées par l’eau», déclare Mohammed Zaher Sahloul. «SAMS fournit également du diesel à six hôpitaux d’Alep afin de leur garantir un accès à du courant électrique.» «Oui, j’ai perdu du poids et ai vécu avec des ressources très limitées», déclare Liza Hoover. «Mais je suis convaincue que je ne pourrai jamais rembourser l’amour et le respect reçu là-bas. Les Syriens méritent tellement mieux. En tant qu’être humain et citoyenne américaine, je souhaiterais que la communauté internationale fasse plus pour venir en aide à la Syrie. Mais en même temps je suis remplie de modestie à la vue des Syriens qui poursuivent leur vie et gardent leur foi tout en élevant leurs enfants. Cela m’aide à être la meilleure infirmière possible.»
Kiran Ansari, écrivaine rédigeant pour différentes publications dont Chicago Tribune, Daily Herald, Halal Consumer et Azizah Magazine