Regarde Mimo, il y a 12 ans, papa a fait la même queue
Je saisis cet espace pour vous raconter une petite histoire très amusante qui n'arrive qu'au sein de la Ripoux-blique algérienne non-démocratique et impopulaire. J'ai déposé mon dossier AADL en 2001, j'avais à l'époque 26 ans, j’étais célibataire, aucun cheveu gris, je débutais ma carrière avec 11 600 DA, je vivais chez mes parents, et les week-ends, je roulais avec la voiture de mon père, quand il le permettait. Convoqué par l'administration AADL-Couscous en 2002, je me suis présenté en pensant payer l'apport des 10%, malheureusement, on m'a annoncé que l'AADL avait fait fusion avec la Cnep et que je suis obligé de payer 1% de plus. J'ai dit OK et on m'a fait faire signer un engagement à souscrire au programme 65 000 logements destiné à la «location-vente» réalisé par la Cnep-Banque. Aujourd'hui, j'ai presque 40 ans, et depuis le dépôt de mon dossier AADL en 2001, il s'est passé tant de choses ! Ne voyant rien venir au royaume de la médiocrité, je me suis cassé en 2003, là où je n’avais pas besoin de ma3rifa pour devenir un cadre.
– J'ai perdu mon père en 2004 ;
– je me suis marié la même année ;
– j'ai eu un enfant en 2007 ;
– grâce à mes économies, j'ai acheté deux logements à Alger en 2008 et 2010 ;
– j'ai perdu ma mère en 2010 ;
– j'ai divorcé en 2011 ;
– je me suis remarié en 2012 ;
– j'ai acheté un bel appartement en France en 2013.
Désormais, j'ai un poste de responsabilité dans une belle boîte à l'étranger, je roule en berline allemande à Alger et en 4×4 japonais à Paris, et mon logement AADL mazal matabch. A chaque fois que je suis à Alger et que je passe par cette pseudo-autoroute bordée de palmiers collés bla rabi, je vois ces pauvres gens en train de se faire malmener par ces chiqueurs d'agents de sécurité devant la direction de l'AADL. Je dis à mon fils : «Regarde Mimo, tu sais qu'il y a 11/12 ans, papa a fait la même queue que ces gens-là et rien n'a changé depuis, rappelle-toi qu'ici on demeure que dalle même si on réinvente l'aspirine.» Je pense que mon fils dans sa petite tête de 6ans pense déjà à introduire un dossier à l'AADL, pour pouvoir en jouir balak dans 20 ans. Enfin, je ne regrette pas de ne pas l'avoir attendu ce logement, sinon j'aurai été toujours célibataire, sans logement, ni tacot ni famille, et avec un salaire minable à 40 ans juste pour plaire aux commis du royaume du Mensonge, qui, malgré nos diplômes et nos compétences, adorent nous voir faire la queue devant leurs portes.
Bref, aujourd'hui, j'ai envie de leur dire : «Rien à foutre de votre logement AADL, koulouh ou donnez-le à Chakib Khalil pour qu'il le rajoute à sa tirelire.»
Bonne chance à nos frères et sœurs qui attendent toujours le Messie, dans un pays où la souffrance est coutume, et n'oubliez-pas : ekhretha el-mout !
Le révolté
Le titre est de la rédaction
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