Syrie : les Occidentaux veulent fermer les vannes aux terroristes
Les Occidentaux sont tiraillés entre leur volonté d’aider les «rebelles» syriens et les appréhensions qu’ils cultivent par rapport aux groupes islamistes affiliés à Al-Qaïda, même s’ils savent que ces derniers représentent la faction la plus active dans cette guerre. Cette contradiction s’est encore une fois exprimée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du groupe dit des «Amis de la Syrie», réuni à Istanbul. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est contenté de promettre une aide «défensive» de 130 millions de dollars. Après l’attentat de Boston, les Américains ont intérêt à se montrer plus ferme face au terrorisme. Même son de cloche chez les autres puissances occidentales, en France, le président François Hollande s’était clairement opposé, il y a quelques semaines, à la levée de l’embargo sur les armes à destination de l’opposition syrienne. Cette position commune donnerait raison au gouvernement syrien qui a toujours dit qu’il combattait le terrorisme et réclamait instamment des pays qui soutiennent les groupes terroristes d’arrêter de les soutenir. Autre fait marquant lors de cette réunion : le Qatar et l’Arabie Saoudite, principaux soutiens des groupes salafistes en Syrie, n’ont pas eu droit au chapitre. La déception de la «Coalition syrienne» est telle que son président, Moez El-Khatib, menaçait de démissionner, une fois de plus. Selon plusieurs sources, il aurait déposé sa démission ce dimanche matin. Cela dit, le Front de la Nosrah a ses propres ressorts pour continuer les combats et renforcer ses rangs, en s’appuyant essentiellement sur les réseaux internes et externes qui l’alimentent en armes et en combattants. Des djihadistes continuent à affluer du sud du pays, par des frontières poreuses de 350 kilomètres avec la Jordanie. D’après certaines indiscrétions, Damas aurait âprement négocié avec Amman pour empêcher l’intrusion de quelque 1 500 terroristes d’Al-Qaïda, il y a une semaine. La Jordanie a été jusque-là une base arrière du djihad international, où s’organise un véritable marché de recrutement et de trafic d’armes. Ce succès a permis à l’armée syrienne de reprendre confiance. Bachar Al-Assad, lors de sa dernière apparition à la télévision, parlait de «grand nettoyage imminent».
R. Mahmoudi
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