Al-Qaradawi (p)leurre
Al-Qaradawi est terrassé par un chagrin profond. Il pleure tout son soûl trois Américains tués dans les attentats de Boston. Il vient de le faire savoir dans un prêche religieux, au Qatar, cet émirat où il termine sa carrière de prédicateur-vedette ; là où les cris qui jaillissent de la poitrine d’un poète séquestré dans un cachot par ses richissimes employeurs ne parviennent jamais à ses oreilles, imperméables au hurlement de douleur et d’injustice. Lui, il a l’esprit torturé par la souffrance des Américains ; c’est pour eux que son cœur bat, que sa chair frémit. Cet assemblage complexe de mensonge préprogrammé et d’accomplissement automatique de viles besognes qu’est Al-Qaradawi ressemble à un de ces jockey-robots que les Qataris ont fait fabriquer pour booster leurs montures dans les courses de chameaux, un sport populaire dans ce pays où les atteintes aux droits de l’Homme sont cachées par un nuage de gaz. Doté d’une intelligence artificielle, Al-Qaradawi n’est pas conçu pour verser des larmes sur les dizaines de milliers de victimes en Syrie et en Libye. 70 000 morts dans le premier pays et 50 000 dans le second ne valent pas trois décès à Boston. Calculé avec le cerveau synthétique de ce sombre automate en habit de Lumière, cela donne un Américain pour 40 000 Arabes (*). Voilà donc ce que nous valons aux yeux de cette machine à laver les frasques d’une monarchie dont on entend tout mais ne voit rien.
M. Aït Amara
(*) Le mot «Arabes» ici est un terme générique pour désigner tous les habitants de ce qui est communément appelé «Monde arabe» et ne tient pas compte de ses multiples composantes ethniques.
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