Ghlamallah : «Les imams salafistes sont connus de nos services»
Bouabdallah Ghlamallah minimise l’emprise du salafisme sur les mosquées. «Les imams salafistes sont connus de nos services. Ils ne représentent qu’une infime partie du corps. Et nous contrôlons la situation», assure le ministre des Affaires religieuses qui annonce, par ailleurs, la construction de 4 000 nouvelles mosquées. Intervenant en marge de l'installation des membres de la commission scientifique chargée de l'élaboration de modèles architecturaux pour la construction de ces lieux de culte, Bouabdallah Ghlamallah se veut plutôt rassurant, lui qui ne connaît pas le nombre exact de mosquées en Algérie. Une sérénité qui tranche avec la réalité du terrain, relevée par des membres de son département et qu’il refuse de voir. Selon des données récentes, 80% des mosquées en Algérie sont contrôlées par des salafistes wahhabites. En février dernier, sur les colonnes d’un quotidien national, Adda Fallahi, conseiller en communication du ministre, avait reconnu la forte présence dans nos mosquées de la mouvance salafiste, affirmant que «les salafistes ne prennent pas en considération la référence religieuse algérienne, et ne veulent pas se conformer aux lois et aux règlements préconisés par le ministère pour gérer les mosquées et autres établissements religieux». «Ils veulent contrecarrer la référence nationale sur quelque quarante sujets», avait-il prévenu. Indirectement, ce responsable reconnaissait que des mosquées échappaient au contrôle du département ministériel. Le ministre cède-t-il à la surenchère du Conseil national algérien des imams et des fonctionnaires des affaires religieuses qui l’accusait d’avoir attisé la polémique autour du salafisme en Algérie et de faire des déclarations sur le danger des imams salafistes sans apporter d’arguments, ni preuves» ? Même si ce même conseil reconnaît le faible encadrement des mosquées. Selon lui, il n’y a que 20% des mosquées qui possèdent un encadrement solide, les autres courant le risque d’être des lieux de diffusion d’idéologies et de doctrines extrémistes. Abdelfetah Zaraoui Hamadache, fondateur du parti du Front de la Sahwa qui attend d’être agréé, un salafiste assumé, avait affirmé avoir sous son contrôle 11 000 mosquées qu’il utilisait pour former de nouveaux disciples pour servir sa cause «politique». Au lieu de s’occuper de la menace que constitue cette percée salafiste dans nos mosquées, le ministre des Affaires religieuses s’inquiète plutôt de l’architecture des mosquées qui s’éloigne selon lui des «référents historiques» du pays. Et les référents de notre religion ?
Sonia Baker
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