L’ARPT et le règne sans partage de Naguib Sawiris
Avec la mise en place du tribunal arbitral chargé de statuer sur l’affaire opposant l’Algérie à Orascom, les choses semblent s’accélérer pour un règlement définitif du différend financier entre les deux parties. Mais il faut dire qu’au même moment, cette annonce ne fait que ressurgir de mauvais souvenirs liés au règne presque sans partage de l’opérateur égyptien Orascom Telecom sur le marché algérien de la téléphonie mobile grâce à des largesses qui lui ont permis de s’installer confortablement dans le pays. Ni les autorités gouvernementales ni l’ARPT, l’agence officielle chargée, comme son nom l’indique, de la régulation du marché des télécommunications, n’ont émis la moindre objection devant le milliardaire égyptien qui a opéré sur un terrain conquis. Les observateurs les plus avertis savent que l’opérateur historique, Mobilis, a même été empêché de se développer dans le but de permettre à son concurrent direct de prendre son envol sans embarras. Le message était clair : il s’agit d’un choix politique impulsé par Bouteflika – celui d’encourager les investisseurs arabes – pour montrer à l’opinion internationale qu’il était possible de faire des affaires dans une Algérie qui a souffert de dix années d’isolement. Mais le magnat égyptien qui s’est retrouvé, en un temps record, à engranger des bénéfices colossaux grâce à des prix de loin supérieurs aux normes internationales, avantagé qu’il était par la longueur d’avance prise sur ses deux concurrents, Mobilis et Watania Telecom Algérie (WTA), ne semble pas éprouver un minimum de gratitude pour un pays qui lui a ouvert toutes les portes à un succès financier qu’aucun autre pays n’aurait accepté. Il porte son différend avec l’Algérie devant le Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements et réclame une indemnisation de 5 milliards de dollars. Il feint même d’oublier sa position dominante sur le marché des télécommunications qui, bien que constatée en 2007 déjà, n’a jamais donné lieu à une mesure coercitive par l’ARPT applicable dans ce genre de situations.Voir aujourd’hui la présidente de cette autorité de régulation s’égosiller à défendre son bilan allant jusqu’à lancer des accusations à tout-va, elle qui a assisté sans bouger le petit doigt au règne sans partage des Sawiris, cela commence à devenir franchement pathétique.
Amine Sadek
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