Les nouvelles autorités libyennes sermonnées par leur parrain
La France a vivement réagi à l’attentat ayant ciblé son ambassade à Tripoli. Usant d’un ton sec, le président François Hollande exige des autorités libyennes «de faire toute la lumière» sur cette agression et de mettre tous les moyens nécessaires pour que «les auteurs soient identifiés et traduits devant la justice». Un attentat qu’il qualifie d’«acte inacceptable», sur lequel la France ne va pas se taire. Tout en condamnant fermement cet attentat perpétré ce matin dans la capitale libyenne, et qui a blessé deux gendarmes assurant la sécurité de l’enceinte diplomatique, Hollande demande à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, d’envoyer immédiatement son représentant pour prendre sur place toutes les mesures nécessaires et veiller au rapatriement de leurs deux compatriotes. «Cet acte vise, à travers la France, tous les pays de la communauté internationale engagés dans la lutte contre le terrorisme», précise Hollande qui semble se démarquer un tant soit peu de la politique de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, à l’origine de l’attaque de l’Otan contre la Libye. Une attaque qui a semé le chaos dans ce pays. La réaction du chef de l’Etat français semble à la mesure du danger ressenti. Elle sonne, selon toute vraisemblance, la fin de l’état de grâce pour le gouvernement libyen qui éprouve d’énormes difficultés à reprendre le contrôle du pays et à assurer la sécurité. La lune de miel partagée par les deux pays depuis la chute de Kadhafi est bien terminée. La réalité est plus que tragique, puisqu’on est face à un pays totalement détruit qui, par l’incapacité des dirigeants actuels à mettre en place de nouvelles institutions légitimes et efficaces, se transforme en un énorme nid de terrorisme à une heure de vol seulement de l’Europe. L’Occident commence à mesurer la gravité de cette situation engendrée par l’intervention de l’Otan. Certes, ni la France ni la Grande-Bretagne, encore moins les Etats-Unis, ne sont prêts à se déjuger publiquement et à remettre en cause l’utilité de leur intervention militaire en Libye. Mais les rapports entre ces Etats et le gouvernement libyen sont en train de changer. On se souvient de la réaction virulente du département d’Etat après l’attentat de Benzaghi dans lequel l’ambassadeur américain avait trouvé la mort. Les pays occidentaux doutent désormais fortement des capacités des dirigeants libyens à ramener la paix et la sécurité dans ce pays. Acculés par les Occidentaux, les Libyens se tournent visiblement vers l’Algérie – qu’ils ont insultée pendant la guerre entre les forces du régime Kadhafi et les rebelles – pour les aider. D’ailleurs, le Premier ministre libyen, Ali Zaïdan, est aujourd’hui à Alger pour discuter des questions d'intérêt commun, d'ordre bilatéral et régional. Le gouvernement libyen a fait plusieurs fois appel à l'Algérie pour qu’elle forme sa police et son armée. Des demandes auxquelles l’Algérie semble avoir répondu favorablement. En attendant, l’Occident commence à perdre patience…
S. Baker
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