Diplômes au rabais
Faut-il fermer l’école et laisser la masse de gens se débrouiller chacun comme il peut pour «préparer» les enfants à la vie active ? Par école, il faut entendre l’école publique et par celle-ci l’ensemble du système éducatif, tous cycles confondus, qui n’a pas fini de sortir de son état sinistré depuis qu’il a été révélé, il y a plus de vingt ans, par le président Boudiaf. Il ne faut pas croire que l’école privée échappe à ce constat, «c’est la même chose». Surmenage, stress, phobie scolaire, le même lot accable l’école, où qu’elle soit. Partout, les «bons» résultats sont entachés de doute sur le niveau et conduisent à des diplômes au rabais, si l’on s’en tient à ce que pense le monde du travail sur la qualité des arrivants. Quasiment, tous les élèves, école publique ou privée, et quel que soit le cycle, sont obligés de prendre des cours de soutien. Née il y a une trentaine d’années dans des garages, des appartements et des villas, à la manière de l’informel dans l’économie de marché, l’école privée n’a pas su se développer et gagner la faveur des parents qui lui préfèrent, «malgré tout», l’école publique. Seule différence, l’école privée n’est pas touchée par les grèves qui s’ajoutent comme fléau supplémentaire au système éducatif. Mais détrompons-nous, la prochaine grève annoncée pour les 5, 6 et 7 mai fait planer le spectre de la paralysie des examens de fin d’année. Et là, encore une fois, toute l’école sera logée à la même enseigne. Pourtant, le sursaut est possible. L’école algérienne a les ressources morales pour résister et avancer. Elle l’a prouvé de façon héroïque, au plus fort du terrorisme, une certaine rentrée scolaire 1994/1995, en refusant de céder aux menaces du GIA, visant à empêcher les enfants d’aller à l’école et les enseignants de dispenser le savoir. Le prix en fut élevé en assassinats et destruction d’établissements, mais l’institution resta debout comme le reste de l’Algérie.
Kamel Moulfi
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