Crise syrienne : l’Algérien Lakhdar Brahimi décidé à démissionner
L’Algérien Lakhdar Brahimi devrait démissionner prochainement de son poste d'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, ont indiqué aujourd’hui des diplomates d’un pays membre du Conseil de sécurité qui ont requis l’anonymat. Lakhdar Brahimi «a vraiment envie de démissionner et on s'efforce de le persuader de rester à son poste quelques jours de plus», ont ajouté les mêmes sources à l’AFP, qui cite également un diplomate arabe selon lequel Brahimi «a dit à tout le monde qu'il voulait partir, il y a peu d'espoir qu'il reste». L'ancien ministre des Affaires étrangères, âgé de 79 ans, avait été nommé le 17 août 2012 pour succéder à Kofi Annan, lui-même démissionnaire. Dès qu’il a endossé le costume d’envoyé spécial de l’ONU en Syrie, il avait reconnu que sa mission était quasi impossible mais qu’il ne pouvait pas la refuser. Mis sous pression notamment par le Qatar qui arme la rébellion syrienne, compliquant ainsi ses efforts pour une trêve nécessaire pour amorcer le dialogue politique, Brahimi semble ainsi opter pour le retrait. Des rumeurs sur son départ circulent depuis plusieurs semaines, alimentées par l'impasse dans le conflit et par des critiques émanant à la fois du pouvoir syrien et de l'opposition. Damas avait annoncé la semaine dernière qu'il allait cesser de coopérer avec M. Brahimi en sa qualité d'émissaire de la Ligue arabe, celle-ci ayant décidé fin mars de donner le siège de la Syrie à l'opposition. Cette décision de la Ligue a achevé de convaincre le médiateur d'abandonner son poste, ont précisé les diplomates, assurant qu’il voulait «démissionner parce qu'il a l'impression que la Ligue arabe a pris un autre chemin que celui de l'ONU». A l'occasion de sa dernière audition devant le Conseil le 19 avril, M. Brahimi n'avait pas dissipé les rumeurs sur sa démission. «Chaque matin, en me réveillant, je pense que je devrais démissionner, mais je ne l'ai pas fait pour l'instant. Un jour, peut-être, je démissionnerai», avait-il déclaré aux journalistes. Lakhdar Brahimi a au moins le mérite d’avoir refusé de céder à la pression du Qatar qui voulait lui dicter sa feuille de route. Le Qatar veut coûte que coûte la tête de Bachar Al-Assad. Et pour ce faire, il doit avoir celle de Brahimi. Qui succèdera à l’Algérien pour cette mission impossible ?
S. Baker
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